L'été des pas perdus
Rachel Hausfater

Flammarion
tribal
mai 2015
114 p.  12 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

La mémoire grignotée

« Parce qu’on reste toute sa vie le petit qu’on a été. Et on n’a qu’une maison où on a envie de rentrer : celle où on a grandi. Même si elle a disparu. Même si on n’en a pas eu. La mienne, c’est la sienne. Ma maison, c’est Gramps. C’est là que je reviendrai toujours, quand je serai perdue. »
Madeleine est une adolescente bien dans ses baskets – enfin c’est l’image qu’elle renvoie –  : vive, débrouillarde, marrante et réfléchie, malgré des parents – divorcés – régulièrement absents de son champ de vision ; sa mère travaille beaucoup et son père collectionne les maîtresses – histoire pour l’un et l’autre de combler un vide, d’oublier leur échec familial… – . Car la jeune fille n’est pas seule. Elle passe son temps chez son grand-père, Gramps comme elle l’appelle affectueusement. Depuis toujours, il veille sur elle. Et cet été ne déroge pas à la règle.
Seulement, Gramps est bizarre depuis quelques temps. Il semble absent lui aussi. Absent et pourtant bel et bien là, physiquement. Il oublie les rendez-vous, ne sait plus où il range les choses, parle sans cesse de son enfance, de sa soeur Madeleine (le prénom aidant, il confond sa petite-fille avec sa soeur).
Madeleine sait que la mémoire de son grand-père est grignotée de toute part par Alzheimer. Ce qui l’agaçait dans un premier temps, commence sérieusement à l’angoisser. Ses parents, eux, n’ont pas vraiment l’air de s’inquiéter – disons que ça les arrange bien de se voiler la face –.
Alors, la jeune fille décide de prendre ses responsabilités et agir. Les voilà partis pour un voyage en train, direction la Normandie, sur les pas perdus de l’enfance de Gramps.
Le grand-père est heureux de pouvoir montrer les lieux qu’il a foulé enfant, dans les années quarante… revoir sa maison, se souvenir de sa soeur bien-aimée, aller sur les plages du débarquement… Raconter sa vie d’alors, transmettre ses souvenirs. C’est si important pour lui qu’ils continuent à vivre, ses souvenirs. Que Madeleine en conserve la trace, l’empreinte.
Un roman sensible et lumineux malgré la gravité. Et l’immense amour partagé entre un grand-père et sa petite-fille.
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