Opération Napoléon
Arnaldur Indridason

traduit de l'islandais par David Fauquembert
Points
bib. nordique
octobre 2015
423 p.  8,10 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Un Indridason vintage

Avant de se plonger dans « Opération Napoléon », il faut avoir en tête sa date de sortie : 1999. L’année où Arnaldur Indridason a publié ce roman, il avait 38 ans (il en a aujourd’hui 54), était encore inconnu comme écrivain et gagnait sa vie comme critique de films pour le quotidien Morgunbladid, à Reykjavik. C’était alors son troisième livre (les deux premiers restent inédits chez nous), un an avant la première apparition du fameux commissaire Erlendur, son héros récurrent, dans « La cité des Jarres », qui allait marquer ses grands débuts dans le polar…

Oeuvre « de jeunesse », donc, que cette « Opération Napoléon » dont l’auteur islandais choisit aujourd’hui de faire traduire en français l’édition anglaise … Celui qui allait devenir un des maîtres du roman policier scandinave s’y fait les dents sur un genre différent, le thriller d’espionnage. Une courageuse avocate islandaise est lancée dans une course contre la montre avec des espions américains venus récupérer l’épave d’un bombardier allemand crashé sur un glacier un demi-siècle plus tôt, aux derniers jours de la Deuxième guerre mondiale. Pour garder secrète la présence à bord d’officiers américains et d’un mystérieux chargement qui aurait pu changer l’issue du conflit, le commando US est prêt à tout, même à tuer …

Il faut beaucoup d’ambition pour ainsi vouloir réécrire des évènements historiques ayant toujours déchaîné l’imagination des chercheurs ou des auteurs de fiction. Indridason n’en manquait déjà pas Il en aura autant quelques années plus tard pour imaginer « Le Duel », où il revisite les coulisses du championnat du monde d’échecs de 1972, en pleine guerre froide, entre l’Américain Bobby Fischer et le Russe Boris Spassky. Cette réécriture de l’Histoire, le futur créateur d’Erlendur s’y attaque ici dans ce style très visuel, cinématographique et avec ce sens de la dramatisation et de la caractérisation des personnages qui feront plus tard son succès.

« Opération Napoléon » nous révèle donc un auteur mature. Et si au départ, on peut s’étonner de la facilité avec laquelle son héroïne se débarrasse des tueurs lancés à ses trousses, avant de résister aux blessures et au froid., il installe petit à petit ce personnage de solitaire, incarnation de la bravoure et de la volonté, dans laquelle on peut voir une préfiguration… d’Erlendur. Seize ans après, dans ce suspense à la manière des premiers Frederick Forsyth ou Ken Follett, tout juste un peu daté, les fans français reconnaîtront déjà l’Indridason qu’ils apprécient.

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