L'enfer est au bout de la nuit
Malcolm Mackay

Liana Levi
policiers
mars 2016
302 p.  19 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Dans la tête d’un gangster

Des traits poupins, une expression timide, le cheveu ras et roux. Cette anti-star est l’étoile montante du polar britannique. Malcolm Mackay, 33 ans, vit chez ses parents et quitte rarement sa petite ville de Stornoway, sur l’île écossaise de Lewis. Sa trilogie de Glasgow pourrait pourtant faire croire qu’il a grandi dans la pègre locale. Il y dissèque avec un réalisme froid et une précision chirugicale la psychologie des tueurs à gages, trafiquants et autres hommes de main. Ambitions et obsessions, peurs et regrets, la large palette de sentiments étalés souligne par contraste la violence de leur routine. Comme dans la plus banale des entreprises, ils recrutent, forment, lancent de nouveaux produits, élaborent des stratégies et enregistrent des résultats. Ou font semblant d’y croire, en se mentant sur la finalité de leurs calculs et de leurs actes.

Calum MacLean, héros de la trilogie, a ouvert les yeux pour sortir à temps de ce jeu mortifère. La nature criminelle ayant horreur du vide, un nouveau venu intègre la bande dans ce nouvel opus, « L’enfer est au bout de la nuit ». L’assurance de Nate Colgan et la peur qu’il inspire ne sont pas sans failles. Cette brute épaisse a un cerveau et aussi, parfois, un coeur : celui-çi bat pour sa fille, qu’il voit le week-end quand son « travail » le permet, et aussi pour la mère de l’enfant, son ex. La belle a refait surface et les ennuis commencent. Alors que le parrain de Glasgow est à l’ombre, un petit gang venu d’Angleterre tente de s’incruster. Toujours free-lance, le cogneur y voit l’occasion de se rendre indispensable. Encore faut-il prendre les bonnes initiatives au bon moment…

Si les trois précédents romans illustraient le vide existentiel sidérant que traversent les gangsters, ce livre-çi démonte les ressorts de leur survie. Entre deux règlements de compte qui feront juste quelques lignes dans les journaux s’enclenche une frénésie de réunions et de rencontres, de plans et d’hypothèses. Le jeu est opaque, la tension extrême. Le personnage principal ne vaut pas mieux que les autres, mais Malcolm Mackay réussit à nous passionner pour son sort. Dans cet univers glacé, ultra-fermé, qui fait sa singularité avec son écriture hypnotique, le jeune auteur écossais signe ainsi un quatrième volet aussi puissant que les précédents. Une constance qui est la marque des grands.

A lire aussi : »Il faut tuer Lewis Winter », « Comment tirer sa révérence », « Ne reste que la violence » (Le Livre de Poche)

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