Mauvais oeil
Marie Van Moere

Les Arènes
janvier 2019
420 p.  16 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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Poiscaille poissarde

En 2014, Marie Van Moere publiait « Petite louve », roman bouleversant aux accents sombres d’une Corse vengeresse. Toujours en gardant la Corse en toile de fond, Marie Van Moere reprend son bâton de pèlerin dans les sentiers escarpés de sa terre de prédilection : le roman noir avec pour fil conducteur la vengeance.

La loi du talion n’est pas qu’un concept pour Marie Van Moere, elle est ce qui tient les acteurs du drame debout, malgré les vicissitudes de la vie, malgré les actes criminels de chaque protagoniste car aucun d’entre eux n’est innocent.

A commencer par Antonia Mattéi, veuve d’Attilius, plus connu pour ses activités mafieuses et violentes que pour sa bonté d’âme, disparu en 2007 et dont le corps n’a jamais été retrouvé. A continuer par Ours-Pierre, un des fils d’Attilius et Antonia, coupable de la mort de son frère et de son grand-père. A continuer par Toussaint, ancien associé d’Attilius, de retour au pays pour chercher vengeance et coupable lui-aussi. A terminer par les responsables de la mort d’Attilius dont nous tairons l’identité.

Et tout cela, Marie Van Moere nous donne à le découvrir à travers l’enquête d’une commissaire « fille de » d’un ancien commissaire à la retraite qui, 10 ans plus tôt, avait échoué à dénouer les fils retors de la disparition d’Attilius.

Marie Van Moere, culpabilisant chaque protagoniste, évite de sombrer dans tout manichéisme mais d’un autre côté prive le lecteur d’une réelle empathie vers telle ou telle autre figure de son histoire. Ceci étant dit, cela ne gâche en rien ni le talent de Marie Van Moere pour mettre en scène ces querelles, qui partout ailleurs seraient de voisinage et qui sont ici de vendettas, ni le plaisir de lecture même si on distingue avant la commissaire l’endroit où se situe le nœud de l’affaire et comment la résoudre.

Marie Van Moere inscrit ses personnages et ses histoires dans des environnements où l’honneur prime sur la morale, la vengeance sur la justice, la fin sur les moyens. Cela lui donne des libertés dont elle profite parfaitement pour mener à bien son récit, sans oublier de développer la psychologie de ses personnages dans l’ensemble assez trempés et entiers dans leurs caractères. Les seuls personnages qui bénéficient de plusieurs facettes à géométrie variable sont finalement ceux qui sont du côté de la loi en cela qu’ils doivent enfreindre certaines de leurs propres règles quand les parties adverses ont les mains libres en toute illégalité.

Si tout le monde a sa part de culpabilité dans ces histoires, le tout reste encore de savoir qui a fait quoi et à qui… Bref ce jeu de dupes dans un panier de crabes mérite votre attention.

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