Big little lies - (Petits secrets, grands mensonges - Edition 2017)
Liane Moriarty

Albin Michel
février 2017
480 p.  22 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

o n  l  a  l u  & vu

Des vies de femmes. Des voix de femmes. La quarantaine, ses doutes et la maternité au quotidien dans une ville bourgeoise bercée au rythme d’un océan de carte postale et chauffée bio par le soleil. Derrière les sourires se cachent des traumas plus ou moins aigus. Et un drame qui arrive, inexorable : à la fête de l’école quelqu’un va mourir. Dans « Petits secrets, grands mensonges », Liane Moriarty revient en terrain fictionnel connu. Celui des quartiers résidentiels repeint aux apparences. L’Australienne va cette fois les explorer à travers le quotidien de trois mères. Madeline, Jane et Celeste se rencontrent à l’occasion de la journée d’intégration de leurs enfants à la très courue Pirriwee Public school. Ziggy, le fils de Jane, est accusé d’avoir agressé une autre élève. Sa mère s’en mêle. Les mères s’en mêlent et des clans se forment. Le conflit atteint une magnitude nucléaire. La haine fait rapidement effet de catalyseur de névroses. Le vernis craque, les plaies refont surface. En utilisant, la somme de petites choses du domaine domestique qui finissent par nourrir une boule douloureuse au creux du ventre, Liane Moriarty détruit méthodiquement et avec humour les façades pour toucher à la vérité de ses personnages. Et observer la mélancolie.

Dans la série éponyme, qui déplace l’intrigue à Monterey en Californie, le ton est d’emblée moins léger. Dans « Big Little Lies » version HBO la mélancolie est immédiatement le sujet. David E. Kelley (qui a régalé les fans de séries avec son inoubliable « Ally McBeal ») signe des scénarios où l’intime et l’introspection occupent toute la place. Même sur cette chaîne du câble iconique, connue pour ses séries d’auteurs radicales (« The Wire », « Oz », « Les Sopranos «  ou récemment « True Detective »…), il faut savoir saisir le téléspectateur. Le casting de luxe l’attire, le parti pris des créateurs le retient. L’écriture scénaristique et l’écriture visuelle fusionnent pour se nourrir l’une l’autre et réinventer un sujet, le train-train de femmes aisées, déjà vu à la télévision. Nicole Kidman (Celeste), Reese Witherspoon (Madeline) et Shailene Woodley (Jane) sont filmées glamour minimal par le réalisateur Jean-Marc Vallée (« Dallas buyers club », « Wild »). La série zoome sur leurs plaies. A l’opposé du faux départ narratif du roman qui, lui, prend tout son temps pour installer la routine domestique, la série se consacre à l’essentiel. Et offre une expérience différente mais complémentaire.

Big Little Lies
David E. Kelley
HBO  7 épisodes
Diffusé en France sur OCS

 

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