Une histoire des abeilles
Maja LUNDE

Presses de la Cité
aout 2017
400 p.  22,50 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
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Requiem pour les abeilles, requiem pour l’humanité !

Angleterre, 1851. Ohio, 2007. Chine, 2098.

Trois périodes, trois régions, trois familles.

Ce livre se construit sous forme de trois chroniques familiales.

Angleterre 1851, William apiculteur, développe des recherches à propos des abeilles ; la nécessité de nourrir sa famille l’a contraint à renoncer à une carrière scientifique, il s’en languit.
Son fils le désespère, son épouse n’est d’aucun soutien. Heureusement sa fille Charlotte partage sa passion pour les abeilles et cela le maintient en vie.

Ohio, 2007. George, apiculteur a le cœur brisé à l’idée que son fils ne reprenne pas l’activité familiale. De plus un mal étrange frappe ses ruches : le syndrome d’effondrement.

Chine 2098 : Tao et Kuang, leur fils Wei-Wen vivent sous l’emprise d’une dictature où chacun est surveillé. Même les enfants sont réduits à travailler très jeunes pour assurer la subsistance du peuple. L’atmosphère est glaçante. On aurait peur de vivre de pareille manière. C’est dans cette époque que le suspense est le plus prenant, dès les premières pages du récit, on a envie de savoir.

Les trois récits s’entremêlent et, en même temps, ils sont clairement identifiés, donc aucune difficulté à suivre la progression du récit.
Chaque lieu, chaque époque sont minutieusement décrits, nous donnant à voir l’ambiance du village rural anglais et d’une de ses familles, à saisir les paysages de l’Ohio et la vie de ses grandes exploitations et à frémir sous les dictats de la commissaire suprême.
La plume de Maja Lunde fait ressentir les ambiances, crée les images tant ses descriptions sont riches, elle dissèque les rapports entre les protagonistes tel un entomologiste décrirait l’organisation d’une ruche.

Dans les deux premières périodes, Maja Lunde retrace de manière extrêmement bien documentée l’histoire de l’apiculture, de ses développements. La troisième période est une dystopie, donnant à voir une évolution de l’humanité qui nous glace les sangs car elle est malheureusement, vraisemblable.
Le livre de Maja Lunde résonne comme une mise en garde… saurons nous l’entendre ?

Ce livre a suscité l’envie d’approfondir mes connaissances en apiculture, un domaine qui déjà me fascinait. En sera-t-il de même pour vous ?

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Les abeilles feront-elles encore le buzz?

Inscrite sur plusieurs sites de lecteurs, il arrive que je me vois proposer un livre contre une critique. Parfois, ce livre ne correspond pas tout à fait à ce que je lis d’habitude mais comme je ne sais pas refuser un roman parce que l’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, j’accepte. C’est comme cela que je me suis trouvée plongée dans Une histoire des abeilles, présentée sur la quatrième de couv’ comme « un roman écologiste ».
Bon, en matière d’écologie, je ne suis pas au top même si, promis juré, je trie mes déchets, consomme un peu moins de viande qu’avant, ne prends jamais l’avion (parce que j’ai la trouille mais n’empêche que, trouille ou pas, mon empreinte carbone est à ce jour peut-être nettement plus faible que celle de bon nombre d’écolos …), ne jette aucun déchet dans la nature et serais prête à bondir sur le malotru que je verrais agir de la sorte, n’ai pas de piscine dans mon jardin et n’achète pas des pommes qui viennent d’Afrique du Sud. (clap, clap, clap, clap…)
Bref, un roman écolo traduit du norvégien, why not ?
Trois époques : la Chine en 2098, l’Angleterre en 1851, les États-Unis (Ohio) en 2007, trois histoires qui se mêlent, comme on en lit pas mal en ce moment.
En Chine, nous découvrons une jeune femme, Tao, perchée dans un arbre : à l’instar de milliers d’autres compatriotes, elle pollinise à l’aide d’une balayette en plumes de poule chaque fleur des arbres fruitiers. En Chine, les abeilles n’étant plus là pour le faire depuis des années à cause d’une pollution importante et d’insecticides répandus trop généreusement, l’État a su s’organiser : Tao se coltine donc le sale boulot et bientôt, aucun petit Chinois n’ira plus à l’école car ils devront apprendre très vite les gestes que la nature accomplissait sans leur aide, auparavant. C’est l’État qui en a décidé ainsi. Autrement, c’est la famine…
(En réalité, la pollinisation manuelle a déjà cours en Chine, pas besoin de se projeter en 2098: à lire, sur Internet, l’article du Monde du 23 avril 2014 Dans le Sichuan, des « hommes-abeilles » pollinisent à la main les vergers.)
On apprend en passant (je vous rappelle qu’on est en 2098) que le pire est arrivé : la disparition des insectes pollinisateurs (j’espère que mon collègue de SVT lira mon article parce que j’ai du vocabulaire maintenant !), l’élévation du niveau de la mer liée au réchauffement climatique (décidément, je me spécialise, mon dernier article portant sur La Fonte des glaces de Joël Baqué), la destruction des sols par l’agriculture intensive, la multiplication des accidents nucléaires, l’empoisonnement des êtres vivants par les insecticides et les pesticides… Pas de quoi rire… Et comme on a fait comme s’il était peu probable que tout cela nous arrive, le résultat n’est pas beau à voir… (Mais bon, c’est un roman, une fiction…, n’empêche que ça fout un peu les jetons tout ça quand on y pense…)
En Angleterre, William, père de famille, est alité : manque de peps, spleen, moral dans les chaussettes jusqu’à ce qu’il redécouvre un livre posé sur son bureau qui va de nouveau réveiller une passion endormie : Nouvelles observations sur les abeilles de François Huber, 1806. William se lève et s’attelle avec toute l’énergie dont il est capable à la construction d’une ruche innovante.
Dans l’Ohio, George est désespéré : son fils ne veut pas reprendre la ferme, s’occuper des ruches, non, il veut poursuivre ses études (il n’y a vraiment que dans les romans que les pères râlent parce que leurs fils veulent poursuivre leurs études!). George vit pour ses ruches colorées qu’il choie et auxquelles il consacre toute son énergie. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il sera lui aussi victime du fameux Colony Collapse Disorder, « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles »… (Ah, vous ne connaissez pas…) (Comme disent mes élèves, quand on débat sur l’intérêt de la lecture, lire permet de se cultiver, d’apprendre… Ils ne comprennent jamais pourquoi je fais un peu la moue face à ce genre de réponse…)
Évidemment, on se demande tout au long du livre quel lien unit ces trois récits, même si l’on s’en doute un peu…
Alors, venons-en aux faits : est-ce que j’ai aimé ce livre ? Je réponds par une litote d’abord qui dira ce qu’elle dira : c’est une lecture pas désagréable, la langue est fluide, plaisante (je salue la traductrice dont j’avais déjà remarqué l’excellent travail mais pour quelle traduction, je ne sais plus…). J’ai appris plein de choses (que je me suis empressée d’oublier) sur les abeilles… Les histoires de pollinisation n’ont (presque) plus aucun mystère pour moi ni le varroa destructor (je vous épate, hein), un horrible acarien parasite responsable de la varroose (oui, deux r et deux o, ça fait durer le plaisir) ; quant à la reine mère, aux faux-bourdons, aux ouvrières non fertiles, au couvain, aux ruches verticales de Langstroth (j’hésite à rédiger l’article Wikipédia sur le sujet qui manque encore cruellement à la célèbre encyclopédie…), à l’essaimage… Tout ça, je connais par coeur…
Bon, d’un point de vue formel, ce n’est pas un roman très novateur mais il demeure agréable à lire, ce n’est déjà pas si mal…

Retrouvez Lucia lilas sur son blog 

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Bzzz bzzz

1851 en Angleterre, 2007 en Ohio et 2098 en Chine, on s’intéresse aux abeilles et à ceux qui s’en occupent. Alternant ces trois époques et ces trois lieux aux antipodes, Maja Lunde, pour son premier roman, écrit un manifeste écologique. C’est très réussi dans le sens où chaque personnage possède sa voix propre, et est parfaitement ancré, de manière fluide, dans son contexte. Ca l’est moins en ce qui concerne les données sur les abeilles, qui tiennent plus de la fiche encyclopédique que du romanesque. Le but est néanmoins atteint, amenant à une réelle réflexion sur la manière dont l’homme ne tient pas compte des avertissements de la nature.

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