Comment j'ai mangé mon estomac
Jacques-A. bertrand

JULLIARD
janvier 2014
112 p.  14 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Quand il vaut mieux en rire

C’est l’histoire d’un combat. Un combat contre la maladie. Jacques A. Bertrand a trouvé la bonne arme pour se défendre : l’humour. Il n’a pas cherché loin, il a ça dans les gênes. Alors il raconte le pire avec drôlerie parce qu’après tout, tant qu’il y a de la vie…

Il a beaucoup de temps pour réfléchir et pour observer. Il ne s’en privera pas : les médecins un peu bizarres qui ne sont jamais les mêmes, les infirmières parfois superbes mais qu’on ne revoit pas, les amis mal à l’aise qui ne savent que dire : « Tu as bonne mine aujourd’hui », alors qu’il ne s’est jamais senti aussi mal. Et puis l’attente, interminable, car lorsqu’on a rendez-vous avec un ponte, il faut patienter dans des salles obscures pleines à craquer, longtemps, très longtemps.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, sa femme a un cancer du sein. Au moins, ils sont raccord. D’ailleurs, lorsqu’une gentille dame venue apporter thé et biscuits aux malades pendant leur chimiothérapie, ne cesse de lui dire comme l’entourage est important, il lui répond : « Ma femme et moi avons la chance d’avoir un cancer en même temps », on imagine l’embarras de cette brave femme…
Jacques A. Bertrand ose rire de lui et des autres car il sait bien que l’humour est la politesse du désespoir. Poli, il l’est. Élégant même. Jamais on ne saura combien il a souffert, puisqu’il a compris qu’il finirait par embêter tout le monde. Ses lecteurs, eux, ne s’ennuient pas. D’autant que l’énergumène est un styliste, le roi de la formule, mais aussi un érudit qui glisse parfois des références littéraires sans jamais en faire un plat.
Les traitements contre son cancer de l’estomac l’ont privé de sa moustache, cette « amputation » le révolte. Cette moustache qu’il imagine être son esprit. Et pourtant, même imberbe, Jacques A. Bertrand nous régale. Ce petit roman, en plus d’être une merveille, est une leçon de courage.
On finit la dernière page rassuré. Le malade ne l’est plus. Il a donc trouvé le meilleur des remèdes : être joyeux, loufoque, impertinent… Une façon d’être qui aide à guérir, qui aide à vivre.

partagez cette critique
partage par email