Lignes brisées
Harold Cobert

Héloïse d'Ormesson
mars 2015
128 p.  15 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
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coup de coeur nuit blanche

Valse magique et envoûtante

Nouvelle plongée dans l’univers et la plume délicate d’Harold Cobert pour lignes brisées, ce court roman qui vous emporte comme une valse lente qui tourbillonne sur les ombres du passé.

C’est l’histoire d’un rendez vous entre Salomé et Gabriel amoureux à l’adolescence dont l’histoire a duré 2 mois mais qui a changé leur vie.

15 ans plus tard Gabriel est devenu un brillant auteur à succès mais n’a jamais pu oublier cet amour d’adolescence qui lui a laissé un souvenir indélébile, un parfum de nostalgie qui l’a poursuivi. Salomé est devenue attachée parlementaire, elle a une petite fille et semble avoir tourné la page de ses souvenirs et de son rêve de danseuse au royal ballet.

Je vais m’arrêter là pour la mise en place de l’intrigue car c’est vraiment un roman qu’il faut lire, déguster comme une petite madeleine de Proust. Il nous replonge dans nos premières grandes histoires d’amour,la force des sentiments et du souvenir qui se magnifie avec le temps. Dans les projections que l’on se fait aussi de soi, de son passé si j’avais dit ou fait cela aurais je changé la fin de l’histoire. Le pouvoir d’identification au personnage qui nous fait plonger dans cet état de nostalgie est un peu magique.

Harold Cobert réussit à disséquer cette histoire, à la faire tourner comme une danse tantôt lente, plus rapide, douloureuse selon les moments. Il alterne les points de vues des deux personnages jusqu’à leur rencontre et leur vision de leur histoire. J’ai aimé la fragilité et l’impossibilité de communiquer des personnages. Leurs failles sont magnifiques et leur histoire digne d’une tragédie mais sans la grandiloquence, juste l’humanité, le désarroi et les questions que l’on peut se poser sur l’amour, les sentiments. J’apprécie vraiment le style de l’auteur, qui se renouvelle à chaque récit mais fait mouche à chaque fois dans la description, la progression de l’histoire. Un seul bémol, le livre est trop court, on aimerait prolonger cette ballade dans le passé entre Salomé et Gabriel.

Le personnage de Gabriel est attachant, écrivain qui commence à avoir du succès mais qui se sent incomplet à cause du poids de cette histoire, qui essaye de percer l’armure et la maîtrise des émotions de Salomé. Leur rencontre difficile, leurs non dits, leur volonté de faire réagir l’autre, ce duel de mot est très agréable. J’ai apprécié les passages sur leur histoire d’adolescence ; les promenades au Pays basque qui m’ont rappelé de beaux souvenirs et font écho à un autre roman que j’ai beaucoup aimé Dieu Surfe au pays basque. On a l’impression d’une fragilité, d’un numéro d’équilibriste entre la tentative de dialogue et les souvenirs qui affleurent et dressent parfois un mur, une distance entre les 2 ex amants. Le combat de Salomé en faveur de la danse, son rapport au corps m’a touché et fait écho.C’est aussi un joli portrait de femme, du combat pour ses rêves, jusqu’où peut-on aller dans la maîtrise de son corps, de ses émotions pour dépasser la douleur.

Ce récit est vraiment magnifique, craquez pour cette belle partition, qui m’a fait penser à la musique délicate d’une boite à musique de mon enfance, elle vous emmène, vous fait vibrer et laisse un délicat souvenir. Il vous hypnotise par sa musicalité, sa fragilité mais aussi sa force et son acuité. Une très belle perle à découvrir. Donc entrez dans la danse de Salomé et Gabriel vous ne le regretterez pas et parcourez avec eux ces lignes brisées.

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