L'ombre de nos nuits
Gaelle Josse

Editions 84
litterature gen
avril 2017
190 p.  7 €
ebook avec DRM 10,99 €
 
 
 
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nuit blanche

C’est un roman à trois voix que nous propose Gaëlle Josse autour du tableau de Georges de la Tour « San Sébastien soigné par Irène ». Ce tableau sera l’élément central du récit.

Tour à tour trois personnages vont s’exprimer, on voyage dans le temps et dans l’espace.

– A Lunnéville, en Lorraine en 1639, on assiste à la création du tableau « San Sébastien soigné par Irène »

Georges de la Tour nous parle, il imagine la création de son tableau, le choix avec soin de ses personnages, la mise en place de sa composition. Irène sera incarnée par sa fille Claude. On assiste à la naissance de cette oeuvre à qui il réservera un grand destin. Avec minutie, précision il donnera tout pour trouver la perfection dans son tableau.

Laurent, son apprenti – un orphelin recueilli par le maître suite aux ravages de la peste et de la guerre des 100 ans – s’exprimera également. Il est l’assistant du maître, admiratif du travail de celui-ci, il est humble, doué. Il nous décrira à merveille son amour pour la peinture, son admiration sans limite pour de la Tour, le don de soi et la passion de son maître. Il décrit avec justesse la beauté douloureuse de Claude incarnant Irène dont il est éperdument amoureux. Il souffre en silence de cet amour n’étant pas de la même classe sociale qu’Irène. Il nous décrit avec justesse ses tourments, ses blessures. Il devra faire des choix. Il est dans l’ombre, elle est dans la lumière.
– Rouen, en 2014, une jeune femme est fascinée des siècles plus tard par ce tableau, cette lumière qui jaillit de l’ombre. Elle se plonge dans ses souvenirs, dans sa douleur, ses amours difficiles.

J’ai souvent posé le livre pour me plonger à mon tour dans ce tableau où le regard d’Irène incarne tant l’amour, la sollicitude, la compassion et nous montre tant la beauté douloureuse de la passion.

Ce roman met en lumière la fascination devant le tableau ; cette lumière qui transparaît au milieu de l’ombre, comme nos espoirs au milieu de nos tourments. La bienveillance, l’amour et la sollicitude du regard d’Irène m’ont procuré de belles émotions à la lecture.

Les trois voix s’entrecroisent au fil des pages, nous questionnent sur l’aveuglement amoureux, sur notre place dans notre vie.

Très très bon moment de lecture.

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

Elle dit que le Maître sait peindre le silence.

La capacité d’oublier est peut-être le cadeau le plus précieux que les dieux ont fait aux hommes. C’est l’oubli qui nous sauve, sans quoi la vie n’est pas supportable.

Les livres savent des choses que nous ignorons.

Je reconnais que l’immobilité absolue est une chose exténuante, proche de l’impossible.

Notre monde est un théâtre agité, mouvant, fait d’appétits désordonnés et de désirs inavouables. Le malheur y règne en maître.

Nous trichons en paroles, rarement en gestes.

Elle n’est que beauté et son âme est à l’image de ses traits.

Tu aimais la nuit. Comme si ses ombres absorbaient les tiennes et te permettaient de les oublier.

C’est la vision intérieure du peintre, au-delà de sa technique, qui donne toute sa force à un sujet.

Il faut savoir écouter les rêves, ils tentent de nous éclairer sur nos désirs les plus secrets.

La main, le geste, le visage. Tout ce que je peins tient là, dans cette mystérieuse trinité.

Etre quittée, c’est un risque consenti au premier regard. Mais partir, c’était autre chose.

Croire en l’autre suppose l’abandon de nos résistances, de notre défiance. Don total qu’on veut croire réciproque.

Ce qui se passe au profond de nos âmes est souvent noir comme la nuit, comme celle qui sert de fond à mes compositions, lorsque nulle lueur ne les atteint.

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