Tous les hommes sont des causes perdues
Mabrouck Rachedi

L'Age d'Homme
mars 2015
228 p.  19 €
 
 
 
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coup de coeur

Un bouquet d’émotions

C’est un roman intelligent et bien écrit, avec de l’humour, une fine autopsie d’un couple moderne. On suit l’histoire d’Adam et Sophia, un couple qui a mis du temps à être ensemble, Adam étant un homme particulièrement maladroit et lunaire avant sa rencontre avec Sophia. Il est fleuriste et a un talent indéniable qui fait qu’on le surnomme « Adam aux mains d’argent », il se fait casser les pieds par sa mère ultra possessive et promène un regard tranquille de dandy sur la vie. Jusqu’à ce qu’il rencontre Sophia lors d’un concert et qu’elle le bouleverse et qu’il essaye de la séduire, sa vie se construit alors autour de sa relation avec elle. Sophia est lumineuse, elle a toujours été attirée par la fragilité, la gentillesse des hommes. Le côté maladroit, poli et attachant d’Adam la séduit même si elle va lui imposer toute une série de rendez vous dans des lieux improbables et très quotidiens au départ. Elle est fascinée par les hommes qui sont des causes perdues.

Adam ne comprend pas pourquoi Sophia l’a choisi et a accepté de l’épouser, il a l’impression d’être un imposteur, à quelques jours de leur mariage, il pose une question piège à sa future épouse à quel moment es tu tombée amoureuse de moi ? Il veut essayer de comprendre pour se rassurer sauf que l’évènement qu’elle va lui raconter va changer la donne. A partir de cet instant Adam est persuadé que leur histoire n’aurait jamais dû commencer.

Adam est incontestablement mon personnage préféré dans le livre, sa maladresse, son utilisation parfaite du subjonctif, ses réactions décalées, sa volonté de comprendre pourquoi Sophia l’aime sont magnifiques. Les personnages secondaires Antoine l’antithèse d’Adam plus lâche, terre à terre et d’Hélène qui ne sait jamais ce qu’elle veut sont très drôles. On alterne souvent des passages poétiques, humoristique, des réflexions plus sérieuse sur la famille, le couple, la violence, la banlieue. Cette banlieue qui devient un acteur à part entière à la fin du récit, tantôt sujet de moquerie, de poésie comme dans le poème que fait Adam pour Sophia en utilisant tous les noms des villes de banlieues, décor triste quand le personnage retourne chez sa mère pour une remise en question.

On alterne les passages entre le passé du couple et le présent, ce qui donne de la force au récit, on s’attache au couple, au fil des pages. Leurs difficultés a imposer leur emménagement à leurs mères respectives et leurs mariages.

Les relations hommes femmes, la différence de points de vue, le poids de la famille et des préjugés sont subtilement développées. Les sensations différentes des personnages, leurs psychologies sont particulièrement bien décrites, on s’identifie parfaitement à leurs parcours. La dernière partie et la fin surprenante et magistrale donne encore plus de profondeur au livre.

La plume de l’auteur permet de rendre cette histoire crédible avec des personnages attachants, un humour tendre, ironique mais avec un regard bienveillant sur les personnages. Le récit est construit en plusieurs parties qui alternent les points de vue d’Adam et de Sophia sur leur histoire, puis leur vie après la réponse à la fameuse question piège. L’auteur réussit à nous immerger dans la tête des personnages, à nous questionner sur notre vision du couple, des rapports avec les autres, la relation avec la famille.

Outre son titre excellent, il faut absolument que vous lisiez ce livre, pour découvrir ces personnages attachants, la valeur du subjonctif, le style inimitable de l’auteur ce mélange de douceur, légèreté d’humour et de profondeur. Une histoire moderne qui fait réfléchir et qui touche traitée de manière originale. Un beau bouquet de sensations, de fleurs multicolores, agencées avec soin, alors venez découvrir et vérifier si tous les hommes sont des causes perdues, en tous cas ne perdez pas une minute et ouvrez ce roman.

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