o n  l  a  v u
 The West Wing  
« Harvard ou presque »

La nouvelle a bien sûr fait les gros titre des journaux. Trump acquitted. Pas d’impeachment pour le 45e président des Etats-Unis. Les sénateurs républicains, à l’exception de l’ex candidat Mitt Romney, ont fait corps pour mettre un terme au cauchemar de l’actuel locataire de la Maison-Blanche. Un épilogue partisan qui clôture  cinq mois de rebondissements et trois semaines d’audience. Et peut paraître difficilement compréhensible vu de notre côté de l’Atlantique.

Un summer camp sur les campus de Harvard ou Yale n’est pas la seule option qui s’offre à ceux qui, sur leur faim, auraient une énorme envie d’une session de rattrapage en sciences po. Il suffira d’un bon canapé et d’une grosse disponibilité cathodique. Aaron Sorkin fera le reste.

Dans « The West Wing », le scénariste a décliné sa vision de la démocratie américaine. Une vision « idéaliste et romantique » comme il

le reconnaît volontiers. Mais aussi  une vision ultra documentée qui offre aux téléspectateurs un panorama inédit et exhaustif sur les rouages de Washington.

Sept saisons (le créateur a quitté le navire en cours de route mais son intention a été respectée) qui ont pour principal décor l’aile Ouest de la Maison-Blanche, celle où se fait la politique du président en place. À travers le prisme de son chef de cabinet, de ses conseillers en            communication ou de sa porte-parole, tous les enjeux réels sont abordés. Politique intérieure, politique étrangère, sécurité, système électoral, relations avec le Congrès, campagne électorale, soirée d’élections… Le sommaire d’un manuel de Sciences Po.

Mais le maestro du storytelling connaît bien ses classiques. Il n’a pas fait l’erreur de bizuth qui consiste à se retrancher derrière une approche documentaire pour légitimer sa série. Non. Il a captivé les téléspectateurs malgré son sujet austère en partant d’un postulat rare à la télé. L’intelligence est sexy. Il en a fait l’ADN de ses personnages. Si bien qu’on aime les adorer. 

De Jed Bartlet, un président au CV en béton armé (prix Nobel d’éco, quand même) à toutes les petites mains qui œuvrent dans l’ombre avec la classe d’un perso de Capra. Un casting de comédiens formidables qui contribue à faire de sa fantaisie politique un délice sériel. Les regarder bosser pour que l’humanisme triomphe est bien meilleur pour le moral qu’une tablette de chocolat. Même quand un épisode entier est consacré à un sujet aussi austère que le filibuster (tactique employée par un sénateur qui veut empêcher la mise au vote d’une mesure).

Sorkin invente avant l’heure le « Yes we can ». Tellement réaliste que la fiction a de l’avis des observateurs fini par donner naissance à la réalité. “The West Wing” s’est achevée en 2006.  Barack Obama est devenu le premier président afro-américain deux ans plus tard. La nouvelle aussi avait fait les gros titres.

Marianne Levy
Sept saisons. iTunes Store.

 
 
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