Ian McEwan
Gallimard
du monde entier
janvier 2020
385 p.  22 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 

Lire c’est déjà sortir !
le coup de coeur d’une auteure

Sylvie le Bihan
nous conseille la lecture de 
Une machine comme moi
de Ian McEwan

Cette période de confinement m’aura appris au moins une chose : ce n’est pas le temps qui m’a manqué, c’est moi qui étais mal organisée, qui manquais de volonté ou qui n’avais pas compris ce que je voulais vraiment… Le mardi 17 mars, j’ai rédigé une liste de choses à faire, j’ai sélectionné des vidéos de yoga, de cuisine ou de méditation sur internet, j’ai rassemblé toutes mes notes pour mon prochain livre, et 42 jours plus tard le constat est affligeant !  Je n’ai rien fait à part du bricolage !  Je me nourris toujours aussi mal, je fais moins de sport qu’avant, je n’ai pas écrit une ligne et je m’endors après quatre pages d’un roman alors que j’ai une pile de livres à lire. Etonnamment, je trouve ça assez rassurant pour la suite car j’ai enfin compris que c’est l’envie et non le devoir qui régit mon temps libre. Je vais donc arrêter de culpabiliser chaque lundi et enfin profiter de mes week-ends de feuille de bananier qui suit le cours de l’eau !
C’est aussi la lecture du dernier livre de Ian Mc Ewan,  « Une machine comme moi », qui m’a amenée à cette réflexion. L’histoire d’un homme qui a reçu un petit pécule en héritage et qui le dilapide dans l’achat d’un robot à forme humaine, prénommé Adam, doté d’un cerveau dans lequel chaque propriétaire peut implanter des traits de caractère. Sa voisine, dont il est amoureux, va, elle aussi, ajouter sa touche à la personnalité d’Adam, faisant de cette machine si semblable à un humain, un troisième personnage qui découvrira le monde avec une sensibilité touchante. Dans ce livre, tout est loufoque, l’Argentine a gagné la guerre des Malouines, Alan Turing est toujours en vie, les Adam et Eve (robots féminins) écrivent des haïkus et le monde s’accommode de la présence de ces robots comme d’un nouveau mixer. Ils ne sont pas nombreux et s’intègrent à notre société en assimilant nos codes, mais, et c’est là que ce livre est fascinant, plus le temps passe, plus ces robots deviennent perplexes face à la part de sensibilité que chacun de nous met dans ses actions. Ils n’ont été programmés que pour suivre des codes et des règles alors que les humains n’en font qu’à leur tête. Je ne vous raconterai pas la suite, car je vous encourage vraiment à lire ce livre d’un de mes auteurs préférés, mais elle est merveilleuse.

C’est donc ça la vie, accepter que chacun ait sa propre personnalité, façonnée par des moments de joie, de tristesse, de frustration, par l’amour, la déception, le succès et l’échec, c’est accepter que notre différence soit aussi une richesse, c’est comprendre que l’Autre doit être écouté avec la bienveillance qu’il mérite sans le condamner au premier regard. Ce confinement m’aura appris à apprécier ce que je fais chaque jour, des tâches les plus simples à celles plus compliquées, plus folles sûrement, celles qui nécessitent des mois, voire des années, pour les réaliser et à enfin comprendre que les objectifs des autres ne sont pas forcément les miens.

A la fin de cette période compliquée, je retrouverai avec plaisir la liberté des gestes oubliés et je prendrai le temps de vivre mon temps libre, de faire ce qui me plaît, à ma façon, avec envie et sans me juger… S.le B.

 

 
 
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