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« Les Dieux du verdict » de Michael Connelly
paraîtront chez Calmann Lévy le 30 septembre 2015

Après plusieurs rééditions (son éditeur français republie l’intégralité de son œuvre), voici un inédit qui réjouira les fans (et ils sont très,très nombreux) du grand écrivain américain.

Après avoir perdu son élection au poste de procureur, l’avocat Mickey Haller est au plus bas dans sa carrière et au plus mal avec sa famille. Un peu abattu, il faut cependant qu’il se remobilise pour défendre un homme accusé de meurtre et qui clame son innocence. Mais Haller connaissait la victime, Gloria, une ancienne prostituée qu’il aimait beaucoup et qu’il avait aidée à s’en sortir. Pas suffisamment à l’évidence… Hanté par les fantômes du passé, il doit tenter de les oublier pour résoudre cette affaire épineuse.

 Le début :

« Je m’approchai du box des témoins, le sourire chaleureux et engageant. Ce qui, bien sûr, masquait mon propos véritable – à savoir réduire à néant la femme qui s’y était assise, les yeux rivés sur moi. Claire Welton venait en effet d’identifier mon client comme étant l’individu qui l’avait forcée à sortir de sa Mercedes E60 sous la menace d’une arme le soir du réveillon, l’année précédente. A l’entendre, c’était aussi lui qui l’avait jetée à terre avant de filer avec sa voiture, son sac à main et tous les autres sacs de courses, qu’elle avait posés sur la banquette arrière du véhicule en sortant du centre commercial. Comme elle venait également de le dire au procureur qui l’interrogeait, il lui avait en plus ôté tout sentiment de sécurité et de confiance en elle, même s’il n’était pas accusé de ces deux délits plus personnels.

-Bonjour, madame Welton, lui lançai-je.

-Bonjour, me renvoya-t-elle, ce mot prononcé comme s’il était synonyme de : Je vous en prie, ne me faites pas de mal.

Mais tout le monde dans la salle savait très bien que c’était mon boulot de lui faire mal et d’ainsi affaiblir le dossier que l’Etat de Californie avait monté contre mon client, Leonard Watts. Agée d’une soixantaine d’années, Welton avait tout de la matrone. Elle ne semblait pas fragile, mais j’avais à espérer qu’elle le soit.

Femme au foyer résidant à Berverley Hills, elle était l’une des trois victimes attaquées et détroussées lors de la série de crimes qui s’étaient produits avant Noël et avaient valu neuf chefs d’accusation à mon client – surnommé par les flics le « bandit des autos tamponneuses ». Voleur agressif, il suivait des femmes qu’il repérait à la sortie d’un centre commercial, leur rentrait dedans à un stop de leur quartier résidentiel, puis s’emparait de leur véhicule et leurs affaires sous la menace d’une arme au moment où elles descendaient de voiture pour constater les dégâts. Après quoi, il revendait ou mettait au clou toutes leurs marchandises et bradait leur voiture dans une casse de la Valley.

Mais tout cela n’était qu’allégations et ne reposait que sur le témoignage d’une personne qui l’avait désigné comme coupable devant les jurés. C’était ce qui faisait de Claire Welton quelqu’un de très spécial, en plus d’être le témoin clé du procès. Elle étiat la seule des trois victimes à l’avoir pointé du doigt devant les jurés et à avoir clairement déclaré que c’était bien lui qui avait fait le coup. Septième témoin de l’accusation en deux jours, elle était à mes yeux le seul valable, la quille no 1 de la partie de bowling. Si j’arrivais à la faire tomber en y mettant le bon effet, toutes les autres dégringoleraient avec elle.

Il me fallait un strike, sans quoi les jurés qui nous observaient expédieraient Leonard Watts en taule pour un bon bout de temps.

Je n’avais pris qu’une seule et unique feuille de papier avec moi. Je l’identifiai comme étant le rapport établi par le premier officier de la patrouille à avoir répondu à l’appel au 911 passé par Claire Welton d’un portable qu’elle avait emprunté aprè le vol de sa voiture. Ce document comptait déjà au nombre des pièces à conviction présentées par l’accusation. Après avoir demandé et obtenu la permission du juge, je le posai au bord du box, Welton s’écartant alors de moi. Je suis certain que les trois quarts des membres du jury le remarquèrent eux aussi.

Je posai ma première question en regagnant le lutrin installé entre les tables de l’accusation et celle de la défense :

-Madame Welton, vous avez devant vous le premier rapport établi le jour même où s’est produit le malheureux incident dont vous avez été victime. Vous rappelez-vous avoir parlé à l’officier venu vous aider ? »

 
 
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