o n  l  a  v u

 Fauda 
« Au plus près du chaos »

Le chaos a-t-il une logique ? Même les sceptiques ne résisteront pas au visionnage de « Fauda ». Une série déjà sommairement présentée ici en plateau télé pour les fêtes de fin d’année. Fauda ou chaos en arabe, c’est une plongée dans l’un des conflits contemporains les plus longs. Le conflit israélo-palestinien. Une entreprise de fiction un peu folle tant le sujet provoque des débats violents et tant l’issue semble aujourd’hui aussi improbable que lointaine. C’est pourtant à cette entreprise qu’ont choisi de s’atteler Lior Raz et Avi Issacharoff.

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Ceux qui seraient tentés de se lancer dans les trois saisons désormais disponibles en France (la dernière venant de débarquer sur Netflix) pour comprendre le chaos d’un point de vue géopolitique n’y trouveront pas leur compte. « Fauda », c’est la tragédie grecque du XXe siècle ou le cycle infernal de la vengeance. La série s’intéresse donc aux gens. A ceux qui subissent les conséquences de choix politiques bien loin d’eux. Sa force ne réside pas uniquement dans le culot de la proposition. Elle se trouve aussi dans le courage de ses créateurs qui ne se défilent jamais. Ils posent toutes les questions. Ils ne censurent rien. Ils affrontent la réalité des deux côtés du mur qui sépare les Israéliens des Palestiniens.

Alors qu’il s’était retiré après avoir réussi à abattre Abu Ahmad, un leader du Hamas, Doron Kavillio membre d’une unité spéciale de l’armée Israélienne reprend du service quand on vient l’avertir que « la panthère » n’est pas morte. Commence alors une course contre la montre pour déjouer une nouvelle opération. Un pitch de thriller géopolitique qui n’a rien en lui-même de très singulier, objecterez-vous. A raison. Car tout ici réside dans le traitement. Impossible de ne pas penser à « 24 heures chrono », tout d’abord. Deux minutes devant « Fauda » ruinent absolument tout le programme d’une journée. L’écriture est puissamment addictive. Même les détracteurs du binge watching auront du mal à résister. Lior Raz et Avi Issacharoff sont de grands maîtres du divertissement. Ils nous servent avec une générosité rare à la télé.

Ensuite, l’humanité de leur écriture. Ils collent à la chair et au sang. Aux pulsations cardiaques. Ils ne dessinent pas des héros. Mais des hommes et des femmes dans leur complexité et leur fragilité. Ils ne se concentrent pas sur le prix à payer. Mais sur celui qu’ils payent. Le conflit n’a pas que des répercussions militaires. Le chaos fait un travail de sape. Il détruit des familles. Des amitiés. Des futurs. Des possibles. Et ça, la caméra le sait. Elle se met au diapason d’un casting de comédiens époustouflants d’émotion et de vérité dont l’un des créateurs, Lior Raz, dans la peau de Doron. Ce faisant ils donnent un sens au chaos. En ce qu’ils affirment que le cercle vicieux de la vengeance ne peut mener qu’à lui.

Marianne Levy
Fauda. Netflix. 3 saisons.

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