Rosie Price
traduit de l'anglais par Jakuta Alikavazovic
Grasset
mars 2020
416 p.  24 €
 
 
 

l a   c  r  i  t  i  q  u  e   i  n  v  i  t  é e

Claire Devarrieux (Libération) a choisi «Le rouge n’est plus une couleur» de Rosie Price (Grasset)

Les grands romans sont parcourus de mouvements plus ou moins explicites, plus ou moins souterrains. C’est même à ça qu’on les reconnaît. « Le Rouge n’est plus une couleur » raconte un viol et ses conséquences. Mais on pourrait présenter le livre autrement. Il décrit une idylle, la manière dont Kate, étudiante, issue d’un milieu plutôt modeste, fait la connaissance de Max, et forme avec lui un extraordinaire duo d’où le sexe, le désir, l’amour, appelons-le comme on veut, est naturellement absent. Max voit l’existence avec bonté, une innocence qui lui vient d’une enfance protégée, il appartient à la haute société britannique. Sa mère, une cinéaste d’origine franco-marocaine connue, est très charismatique. Du côté du père, on compte une lignée de chirurgiens, une maison de famille, des rivalités dans la fratrie. C’est un cousin de Max qui viole Kate. La mère de Max devient la confidente et le soutien de la jeune femme. Mais comment donner (de l’argent, des conseils, de l’affection) sans rien demander en retour ? Donner est parfois plus bénéfique à celui qui donne qu’à celui qui reçoit. Il arrive aussi que la condescendance soit un plaisir de riche. Kate, depuis le viol, a beaucoup de difficulté à ne pas associer plaisir et douleur. Mais la jeune Rosie Price, dont c’est le premier roman, souhaite avant tout que son héroïne devienne un sujet autonome, une fille qui ne se laisse pas piller. C.D.

 

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