Dans mes yeux
Johnny HALLYDAY

POCKET
fevrier 2013
145 p.  6,50 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Le rockeur et la romancière

Johnny Hallyday s’est confié à la romancière Amanda Sthers, qui lui a prêté sa plume pour ce récit écrit à la première personne. Un livre passionnant, touchant, qui sonne juste et apporte un regard différent sur cette légende vivante. Amanda Sthers nous raconte les dessous de cette étonnante aventure.

Rencontre avec Amanda Sthers

Connaissiez-vous Johnny Hallyday avant de vous lancer dans cette autobiographie?
Je l’avais rencontré une première fois lorsque j’avais vingt ans. Je me trouvais à Saint-Tropez avec un copain qui le connaissait, et il nous avait invités à dîner sur son bateau. Il était hyper-accueillant, comme le veut la légende. Je l’ai revu trois ans plus tard avec mon ex-mari, Patrick Bruel. Nous sommes tous les deux timides et pudiques, on s’est parlé un peu. Puis on s’est revu au fil des années, et lorsque je me suis séparée de Patrick, il m’a fait savoir que, pour lui, ça ne changerait rien, que nous resterions amis.

Comment l’idée et l’envie de ce projet sont-elles nées?
L’éditrice de Plon m’avait demandé si je ne voulais pas écrire une biographie. Je lui ai répondu que la seule personne qui m’intéresserait, car elle avait un destin à part, c’était Johnny. Mais qu’il n’accepterait jamais. Pour le lui prouver, je l’ai appelé tout de suite, devant elle. Et il m’a dit oui! C’était il y a un an et demi et je ne pouvais plus reculer.

Vous écrivez à la première personne, en vous glissant dans son personnage. Comment avez-vous travaillé?
Je lui ai demandé de me faire confiance, et de ne relire le texte qu’à la fin. Je suis partie chez lui, à Los Angeles, pendant les vacances de février. Je vivais à son rythme, même si je n’arrivais pas à le suivre! Les trois premiers jours, il trouvait toujours une excuse pour ne pas répondre à mes questions. J’errais dans la maison avec mon carnet. Et un soir, nous sommes allés dans son bureau, où il m’a parlé pendant quatre heures de son père.

Pourtant, dans ses interviews, il est en général plutôt laconique.
Il s’exprime cent fois mieux lorsqu’il n’est pas dans un rapport médiatique, car il souffre d’un vrai complexe. Il a toujours peur de ne pas dire ce qu’il faut et comme il le faut.

Vous n’avez pas bouclé le livre en dix jours j’imagine.
Non, mais à mon retour à Paris, je savais comment j’allais le construire et j’avais compris que son père en était la pierre angulaire. En mai, je suis partie à Montpellier où il répétait son spectacle. Entretemps, j’avais vu ses films, écouté des chansons que je ne connaissais pas, et j’avais aussi pu lire toutes les choses fausses qui avaient été véhiculées sur lui au fil des années.

Depuis que le livre est sorti, la presse se déchaîne et on lui reproche notamment de régler ses comptes avec Michel Sardou, Claude François ou Jean-Claude Camus. Qu’en pensez-vous?
C’est faux. Mais si on décide de se raconter avec franchise, il faut bien reconnaître qu’on a connu des trahisons, des déceptions. La veille de sa parution, toutes les chaînes de télévision parlaient du livre sans que personne ne l’ait lu. Etre l’attention d’un pays tout entier: j’ai tout d’un coup compris ce que cela signifiait!

L’avez-vous censuré?
Non, mais aiguillé, et parfois dosé les choses. Sa parole était brute, sincère, la parole d’un rockeur. Et ce qui m’a le plus intéressée en tant qu’écrivain, c’est de donner une voix à la voix la plus célèbre de France, de me glisser dans son rythme. De prendre sa musique pour en faire une langue…

Après ces moments passés en sa compagnie, avez-vous mieux compris le phénomène Johnny?
Il se dégage une espèce d’animalité. C’est une chose que je n’ai vue que sur une seule autre personne, Jack Nicholson que j’ai croisé un jour. Cela précède le talent et ne s’explique pas.

Lorsque vous lui avez donné votre texte, comment a-t-il réagi?
Quel trac! Je lui ai remis les épreuves, juste avant Noël. Le soir où il chantait à Genève d’ailleurs. J’avais envie de l’impressionner, de le toucher. Il l’a lu pendant la nuit et le lendemain, il m’a appelée en me disant: « tu m’as fait chialer ». Depuis, il l’a relu plein de fois, et je crois que ce livre est un miroir dans lequel il a envie de se regarder.

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