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« Le Livre des Baltimore » de Joël Dicker
paraîtra chez de Fallois le 29 septembre

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Trois ans et quelques centaines de milliers d’exemplaires de « L’Affaire Harry Quebert » plus tard, Joël Dicker publie son nouveau roman, très attendu bien sûr. Tout le monde s’interroge. Comment se remettre à la tâche après un succès planétaire ? Comment trouver le temps et surtout la disponibilité d’esprit d’inventer une nouvelle histoire ?

Il renoue avec le personnage qui lui porta chance, Marcus Goldman, pour raconter l’histoire de la famille de celui-ci, une véritable saga qui se déroule entre entre New York et la Floride. En attendant la parution du  « Livre de Baltimore », nous vous donnons ses premières pages à lire ici :

« Je suis l’écrivain.

C’est ainsi que tout le monde m’appelle. Mes amis, mes parents, ma famille, et même ceux que je ne connais pas mais qui eux, me reconnaissent dans un lieu public et me disent : « Vous ne seriez pas cet écrivain… ? » Je suis l’écrivain, c’est mon identité.

Les gens pensent qu’en tant qu’écrivain, votre vie est plutôt paisible. Récemment encore, un de mes amis, se plaignant de la durée de ses trajets quotidiens entre sa maison et son bureau, finit par me dire : « Au fond, toi, tu te lèves le matin, tu t’assieds à ton bureau et tu écris. C’est tout. » Je n’avais rien répondu, certainement trop abattu de réaliser combien, dans l’imaginaire collectif, mon travail consistait à ne rien faire. Les gens pensent que vous n’en fichez pas une, or c’est justement quand vous ne faites rien que vous travaillez le plus dur.

Ecrire un livre, c’est comme ouvrir une colonie de vacances. Votre vie, d’ordinaire solitaire et tranquille, est soudain chahutée par une multitude de personnages qui arrivent un jour sans crier gare et viennent chambouler votre existence. Ils arrivent un matin, à bord d’un grand bus dont ils descendent bruyamment, tout excités qu’ils sont du rôle qu’ils ont obtenu. Et vous devezfaire avec, vous devez vous en occuper, vous devez les nourrir, vous devez les loger. Vous êtes responsable de tout. Parce que vous, vous êtes l’écrivain.

Cette histoire commença au mois de février 2012, lorsque je quittai New York pour aller écrire mon nouveau roman dans la maison que je venais d’acheter à Boca Raton, en Floride. Je l’avais acquise trois mois plus tôt, avec l’argent de la cession des droits cinématographiques de mon dernier livre, et hormis quelques rapides allers-retours pour la meubler durant les mois de décembre et janvier, c’était la première fois que je venais y passer du temps. C’était une maison spacieuse, toute en baies vitrées, qui faisait face à un quartier très paisible et verdoyant, essentiellement peuplé de retraités aisés parmi lesquels je détonnais. J’avais la moitié de leur âge, mais si j’avais choisi cet endroit, c’était justement pour sa quiétude absolue. C’était le lieu qu’il me fallait pour écrire.

Contrairement à mes précédents séjours qui avaient été très brefs, j’avais cette fois-ci beaucoup de temps devant moi et je me rendis en Floride en voiture. Les mille deux cents miles de voyage ne m’effrayaient nullement : au cours des années précédentes, j’avais fait d’innombrables fois le trajet depuis New York pour rendre visite à mon oncle, Saul Goldman, qui s’était installé dans la banlieue de Miami après le Drame qui avait frappé sa famille. Je connaissais la route par cœur.

Je quittai New York sous une fine couche de neige, le thermomètre affichant -10 degrés, et j’arrivai à Boca Raton deux jours plus tard, dans la douceur de l’hiver tropical. En retrouvant ce décor familier de soleil et de palmiers, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à Oncle Saul. Il me manquait terriblement. J’en pris la mesure au moment de sortir de l’autoroute pour gagner Boca Raton, alors que j’aurais voulu continuer jusqu’à Miami pour le retrouver. Au point que j’en vins à me demander si, lors de mes précédents séjours ici, j’étais vraiment venu pour m’occuper de mes meubles ou si ce n’était pas, au fond, une façon de renouer avec la Floride. Sans lui, ce n’était pas pareil. »

 
 
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