Erectus
Xavier Muller

XO
novembre 2018
433 p.  19,90 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
nuit blanche

Un thriller efficace

Tout commence au fin fond de l’Afrique du Sud, dans un laboratoire clandestin (l’est-il vraiment ?) à Malela où un incident inconnu a fait fuir les chercheurs qui s’y trouvaient ; ceux-ci ont d’ailleurs laissé les portes ouvertes dans l’affolement de la fuite.

Puis l’apparition pour le moins « étrange » dans le parc Krüger d’un éléphanteau qui arbore soudainement 4 défenses comme ses ancêtres les gomphotheriums du temps de la Préhistoire, il y a quelques poussières de millions d’années…

Et soudain apparait un virus follement contagieux, à propagation rapide qui va toucher d’abord les animaux puis les végétaux et enfin l’homme.

Tous les ingrédients sont ici réunis pour réaliser un excellent blockbuster avec force effets spéciaux etc…

Pour ce qui me concerne, je ne suis pas très fan des romans scientifiques que je trouve souvent trop alambiqués et trop compliqués à suivre. Mais dans ce cas précis l’auteur n’est pas rentré dans un pensum et c’est tant mieux !

Comme vous l’avez compris n’étant pas une adepte inconditionnelle des romans de science-fiction car trop éloigné pour moi d’une réalité possible, je suis en revanche « fana » de thriller, si ! Et puis, d’esprit « aventureux » et curieux, attirée par la 4ème de couvre, j’ai quand même postulé pour la lecture de ce livre.

Pour la forme, c’est un roman d’anticipation avec une fiction bien « ficelée » où l’action et le suspense laissent peu de temps mort, ce qui en fait un excellent thriller rythmé. Les personnages principaux sont attachant et on suit leurs différents cheminements avec intérêt.

Au début, l’auteur met un peu de temps à installer l’histoire mais c’est nécessaire à la compréhension de ce qui suivra. On a besoin de se familiariser avec ce sujet scientifique un peu complexe.

Ensuite pour le sujet : des éléments scientifiques sur la recherche et la manipulation génétique sont à l’honneur ainsi que le monde de la politique. C’est là que le bât blesse pour moi car c’est l’entrée en scène de la Sci-fi rend ce qui était plausible auparavant, improbable avec ce virus dit « Kruger » (du lieu de sa découverte). Mais le roman d’anticipation se soucie-t-il par définition de la réalité ? Du moment que cela soulève un doute « raisonnable » : Et, si … ?

Alors, pas trop détaillé scientifiquement (voir même approximatif, je trouve que pour un Docteur Es Science, l’auteur reste superficiel sur cet aspect, mais le but de l’ouvrage n’est pas d’en faire un manuel de vulgarisation scientifique, donc je comprends la démarche).

Donc, suffisamment détaillé quand même pour séduire les aficionados du genre, de l’action pour séduire les adeptes, du suspense pour les mordus de thriller, une belle histoire d’amour, un tout petit zeste de « sexe » … Bref, tout y est pour plaire à un public le plus large possible.

Eh oui, désolée, j’y vois-là encore une stratégie marketing…. C’est décidément une obsession chez moi !), je suis parano, je la débusque partout !!! Mais fort heureusement je ne fonde pas mon avis sur ce seul critère ! Qu’importe donc « l’emballage » du moment que l’histoire se tient et est originale. Pour moi, un livre est réussi s’il m’apprend quelque chose de neuf et s’il me donne l’envie d’aller « creuser » le sujet et de faire des recherches complémentaires. En ce sens, le livre fut pour moi un véritable « page-turner » puisque j’ai égrené les pages beaucoup plus vite qu’à mon habitude.

A propos donc d’apprendre quelque chose et toujours sur le fond, l’auteur soulève finalement des questions philosophiques et éthiques (les Homo sapiens devenus Homo Erectus peuvent-ils être toujours considérés comme des Humains ou non ? Faut-il les protéger ou les tuer ? L’évolution est-elle toujours « positive » ? Ne peut-elle pas être régressive ?).

Remettre en question la théorie de l’évolution de Darwin, ok, pourquoi pas. D’ailleurs l’évolution constitue-t-elle forcément un progrès ? l’évolution régressive n’est est-elle pas un antagonisme ?

La définition de l’évolution selon le Larousse : Passage progressif d’un passage à l’autre (progressif, pas en 1 nuit). Là on parle d’inversion totale du processus, qui semble déjà d’ailleurs scientifiquement constatée de nos jours, selon les notes de l’auteur en fin de livre) et pas toujours en positif (qui tend vers un mieux) : la progression, l’évolution d’une maladie n’induit pas toujours une « amélioration » par exemple…

J’ai bien aimé l’introduction d’internet avec un échange sur les réseaux sociaux où s’affichent propagation de rumeurs, fondées ou non, déformées sur fond de bêtise humaine.

Au milieu du récit je trouve que ça perd de son intensité et cela piétine un peu (notamment au niveau des « négociations entre états). Mais on enchaîne rapidement au rythme de la propagation du virus sur un thriller d’action, pas trop de flottements donc…

Cependant, la solution imaginée pour mettre tout le monde d’accord me semble capillotractée, un peu sortie de nulle part, comme un « joker ». En effet, si la communauté internationale ne s’accordent déjà pas sur le sort des victimes comment s’accorderaient-elles pour unir et coordonner l’effort de ses chercheurs pour trouver un remède, un vaccin ? Cela me semble tellement improbable !

Peut-on, d’une part, à la fois chercher l’origine du virus (nécessaire pour en étudier la souche et fabriquer l’antidote) et être efficace sur la mise au point d’un remède sans solidarité internationale (dont il n’est pas question dans ce livre) ?

De même que le « qui », le « comment » et « qui finance » reste flou (surtout quand on connait la concurrence féroce que se livrent les lobbies pharmaceutiques occupés qu’ils sont à tirer la couverture à eux).

Enfin, les trois quarts du livre amène à se poser des questions, puis dans le dernier quart, les réponses (et pas toutes) sont balancées en bloc, d’un coup, en vrac comme s’il était urgent d’apposer le mot FIN.

Le postulat soudain d’Anna, mettant fin à la polémique me parait se baser sur rien, comme un lapin sorti d’un chapeau de magicien. Bref, cela m’a laissée un peu « perplexe » et j’en ai conçu une très légère déception ; comme s’il me manquait des éléments.

J’ai relevé la touche légèrement optimiste vers la fin comme pour permettre d’amorcer une suite.
Je recommande donc, malgré tout (mon avis est globalement positif, juste un tout petit peu tempéré mais c’est tout à fait subjectif) cette lecture au rythme haletant et plein de rebondissements. Une réussite dans le genre. Je vais d’ailleurs me procurer d’autres ouvrages de l’auteur pour confirmer mon intérêt (nouveau pour moi) pour ce sujet.

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coup de coeur

Je voulais tout d’abord remercier XO éditions et Netgallay, sans qui, je n’aurais pas découvert ce livre.
J’avoue que je ne serai pas allée sur ce type de roman, à tord, maintenant je le sais. Mais le roman d’anticipation ne fait pas parti de mes premiers choix !!
Néanmoins, l’intrigue, extrêmement bien documentée, des personnages forts et plein d’empathie, font de cette catastrophe mondiale, un récit haletant.
On se surprend à frémir aussi pour notre humanité, car les dérapages génétiques, et l’appât du gain, sont malheureusement à craindre….
Alors, croisons les doigts pour que ce jour n’arrive pas, en attendant, si vous souhaitez passer un bon moment de lecture, ce roman est parfait. Je vais attendre avec impatience le prochain Xavier Müller.

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