Le dernier gardien d'Ellis Island
Gaelle Josse

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août 2014
187 p.  6,90 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Une plume superbe au service d’un très beau récit

Dans quelques jours, Ellis Island fermera définitivement ses portes. Dans quelques jours, celui qui fut son directeur regagnera la terre ferme. Depuis quelques semaines, il ne reste déjà plus que lui, dans ces bâtiments déserts, qui ont vu autrefois débarquer des milliers d’exilés, venus chercher aux États-Unis un nouveau départ, un nouvel espoir, une nouvelle vie. En novembre 1954, les candidats à la nationalité américaine n’arrivent plus ici depuis longtemps, les employés de l’immigration ont été peu à peu réaffectés dans d’autres services. Seul, arpentant ces couloirs déserts qui ont vu passer tant de gens, serrant contre eux leurs maigres biens, serrant autour d’eux leurs pauvres vêtements, tremblant autant de froid que d’espoir et de crainte, il se souvient. Des espoirs qui se sont brisés à la descente du bateau. Des jours passés dans l’incertitude dans ce lieu à part, plus tout à fait le pays natal, pas encore l’Amérique rêvée. De ses collègues, de la bienveillance de certains, de l’absence d’humanité de quelques autres. De sa femme et des quelques années de leur mariage et de leur vie sur l’île. De l’arrivée d’une jeune femme qui l’a bouleversé et dont le souvenir le hante encore aujourd’hui. Alors il écrit. Il raconte, remonte le temps, cherche la façon dont il pourra se libérer de ces lourds souvenirs, s’en affranchir, se pardonner peut-être? Il écrit, parce qu’il sait que les jours sur l’île lui sont comptés, que dans une semaine il lui faudra partir.

C’est la petite histoire dans la grande, et les deux sont touchantes et prenantes. Comment ne pas être touché par toutes ces vies, déracinées, quittant pays et famille pour l’inconnu, sans certitude de trouver là-bas un avenir meilleur… La plume de Gaëlle Josse est délicate, toute en finesse et en émotion. Elle dit, avec sensibilité et sobriété, la fatigue, les renoncements, la résignation. Le soulagement et la joie, aussi. Elle mêle le passé et le présent, l’histoire et la fiction. Elle confronte son personnage à ses obligations et à ses valeurs, à sa solitude, à ses émotions et à ses passions.

Ellis Island est à présent un musée, et c’est suite à sa visite que Gaëlle Josse a éprouvé le désir, le besoin d’écrire ce roman. Les photos que j’ai pu en voir sont tellement fortes, j’imagine à quel point cette visite doit être marquante et bouleversante.

Je n’arrive pas à rendre justice à ce roman comme je le voudrais. J’ai été touchée, vraiment, autant par l’histoire que par l’écriture de cette auteure que je découvrais pour la première fois. Mais certainement pas la dernière, tant sa plume m’a séduite. En quelques trop courtes pages, elle nous dévoile une page d’histoire, et elle le fait d’une façon remarquable.

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coup de coeur

A lire absolument !

Enorme coup de cœur !
Neuf jours c’est le temps qu’il reste à John Mitchell sur le centre d’immigration d’Ellis Island avant la fermeture définitive du site qui a vu passer tant d’hommes, de femmes et d’enfants porteurs de rêves et d’espoir vers cette Amérique qu’ils considéraient comme la terre promise.
Ils avaient voulu fuir la misère, la faim, la dictature, ou la guerre et s’étaient entassés sur les bateaux.
Ellis Island ouvrirait les portes de cet eldorado aux plus chanceux, aux plus « normaux », les autres refoulés repartiraient vers cette vie qui leur faisait horreur.
Sur cette île aujourd’hui désertée, John Mitchell se souvient.
Il couche sur le papier tout ce qu’il a dans le cœur, ses bonheurs, ses erreurs, ses regrets.
Deux femmes magnifiques ont bouleversé sa vie, Liz son épouse et Nella, l’immigrante Italienne dont le souvenir est pour lui une brûlure au fer rouge.
Ce livre, je me répète, est un énorme coup de cœur, un joyau de délicatesse et de sensibilité.
J’ai été émue par ces destins tragiques.
Je ne sais quel intérêt vont porter les média à ce livre dans le maelstrom de la rentrée littéraire, mais, faites-moi confiance, ne passez pas à côté de ce bijoux.

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