Trois frères
Peter ACKROYD

10 X 18
litt etrangere
juillet 2016
288 p.  7,10 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Il était une fois…

« Dans la commune de Camden, au nord de Londres, en plein milieu du siècle dernier, vivaient trois frères : trois jeunes garçons, nés à un an d’intervalle (…) nés tous trois à la même heure, le même jour du même mois ». Etonnante histoire qui démarre comme un conte de fées. A ce détail près que la marraine penchée sur le berceau des fils Hanway, Harry, Daniel et Sam, serait Londres, tant cette ville, chère à l’écrivain Peter Ackroyd, occupe une place importante dans cette fiction qui, parfois, conserve son aspect féérique et, d’autres fois, se transforme en polar.

Trois frères atypiques dont le délitement des liens familiaux s’explique par une jeunesse sans mère (celle-ci disparaît bien mystérieusement alors qu’ils sont encore gamins), et par une quasi-absence paternelle, Mr Hanway étant occupé à faire bouillir la marmite avec un travail de forçat qui l’éloigne longuement du domicile. Alors, dès qu’ils le peuvent, les frangins se sauvent sans regarder derrière eux. Harry devient journaliste, opportuniste autant que consciencieux (dans un premier temps). Daniel, le timide, étudie à Cambridge et vit une sexualité tourmentée. Peu à peu, il se transforme en un redoutable critique littéraire. Quant au benjamin, l’évanescent Sam, il sillonne Londres, rêveur incapable de travailler, il est le petit dernier qui vit encore avec leur père vieillissant. Au gré des errances de Sam, de curieux personnages apparaissent et disparaissent, nonnes, clochards, église… Et puis un jour, il y a un travail pour Sam, auprès d’un drôle de zèbre comme patron. Et Peter Ackroyd de s’amuser à tenter de mystifier ses lecteurs avec un meurtre, une réapparition et un jeu de la vérité macabre. Les trajectoires des trois frères se recroisent. Mais pas pour un dénouement espéré. Du grand art.

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 Les internautes l'ont lu

Peter Ackroyd est un auteur très connu en Angleterre, auteur de nombreux best-sellers. Il est aussi connu pour ses biographies, notamment celle de Shakespeare. Mais je n’avais encore rien lu de lui. C’est maintenant chose faite. Son roman se situe à Londres, dans les années 60 mais ses trois héros ne font pas partie du « swinging london »: Harry, Daniel et Sam (les trois frères en question) naissent dans une famille plus que modeste dans le quartier de Camden. C’est là qu’ils vont grandir et s’élever tous seuls. En effet, leur père, veilleur de nuit, est plutôt inexistant et leur mère disparaît du jour au lendemain sans explication. D’ailleurs leur père ne leur dira jamais si leur mère est morte ou toujours en vie. Chacun des garçons a une personnalité bien différente. Les deux aînés veulent s’en sortir à tout prix, Sam, quant à lui est un doux rêveur dont personne ne s’occupe depuis la disparition de leur mère. Harry et Daniel quitteront très tôt le domicile de leur père et rompront tout lien avec lui et leur plus jeune frère. Harry deviendra un journaliste connu qui épousera d’ailleurs la fille du propriétaire du journal. Daniel, quant à lui, fera des études littéraires très poussées à Cambridge où il enseignera par la suite. Devenu également un critique littéraire redouté, il n’aura qu’une hantise : que l’on découvre son homosexualité. Les hasards de la vie feront que Harry, Daniel et Sam se croiseront à plusieurs reprises, notamment dans le cadre d’une affaire de « marchand de sommeil » aboutissant à un meurtre. Cependant, les trois frères n’auront jamais le désir de se trouver à nouveau réunis. Seul Sam, qui aura retrouvé leur mère, aura des contacts avec elle et s’en sortira peut-être le mieux. Si j’ai lu ce roman très facilement et ai bien accroché à l’histoire, mon coeur balance : ai-je aimé ce que Peter Ackroyd m’a raconté ? Même si je sais pertinemment que des frères ne sont pas forcément des amis, j’ai trouvé dérangeant le comportement des uns avec les autres. Par contre, j’ai trouvé que l’auteur a réussi le tour de force de rendre cette histoire intemporelle. En lisant certains passages, j’avais l’impression d’être au 19ème siècle. J’étais alors obligée de me remémorer que les trois frères vivaient dans les années 60. Comme quoi l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement.

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