Un homme dangereux
Emilie Freche

Editions 84
août 2015
252 p.  6 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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Jusqu’où peut-on aller par amour ?

Emilie vit depuis quinze ans avec Adam et ses deux filles Suzanne et Léa. Elle aime son mari mais il ne se passe plus rien entre eux sexuellement depuis sept ans. Emilie comme l’auteur écrit livres et films. Emilie, c’est troublant utilise le « je » et l’on se demande constamment quelle est la part de fiction et d’autobiographie. Elle sème le trouble dans notre esprit et se dégage à la lecture un sentiment un peu dérangeant et « voyeuriste ». D’origine juive, sa grand-mère vient d’Odessa. Emilie rencontre régulièrement des étudiants pour lutter à sa manière contre l’antisémitisme. L’histoire de sa grand-mère est très importante et elle raisonnera à travers elle de manière forte, elle la vivra en quelque sorte à travers sa propre histoire. Un jour, Emilie rencontre Benoît Parent, chroniqueur littéraire, écrivain ayant eu son heure de gloire. Petit à petit, elle se sentira piégée, elle s’engluera dans cette relation qui lui est nuisible. Sous son emprise elle sera son obsession. J’ai adoré l’écriture, étant moi aussi « hypnotisée » par celle-ci. Un livre que je n’ai lâché qu’une fois terminé. Une écriture simple, fluide, efficace et superbe. Le récit était captivant, créant au départ un trouble en me sentant un peu intruse à observer la vie d’Emilie, femme piégée. Des questions fusent. Quelle est la part d’autobiographie du récit ? Jusqu’où peut-on aller par amour ? A quoi peut-on renoncer ? Le sujet est la manipulation amoureuse, l’emprise. J’ai souvent eu l’envie de secouer l’héroïne, de lui dire ; Va t’en tant qu’il est encore temps, avant de la voir sombrer sous l’emprise partant à la recherche du séducteur du départ qui était devenu destructeur. Un livre aussi traitant de l’écriture, d’une prise de conscience que seule l’écriture lui permettra d’être salvatrice, de faire la part des choses entre la fiction et la réalité. Le hasard des choses a fait que le jour de la fin de cette lecture j’ai eu la chance de rencontrer son auteur. Je peux vous dire que ce fut un moment chargé en émotions, une belle rencontre et de beaux échanges. Merci Emilie Frèche pour votre spontanéité et votre simplicité. Une belle lecture et une plume que j’ai bien l’envie d’approfondir. Ma note : 8.5/10 Les jolies phrases Adam était mon sang. L’unique personne sur cette terre dont je ne me sentais jamais étrangère, et j’adorais la vie que nous nous étions construite. Il avait compris que la propriété était comme le mariage, un contrat qui, si on le laissait courir, pouvait survivre à tous les renoncements. Je savais seulement que cette rencontre serait un miracle ou un mirage et que, de toute façon, je ne déciderais rien. Il n’y avait de liberté que seul, évidemment. A deux, c’était impossible. A deux, la liberté n’était qu’une servitude volontaire, et elle ne survivait pas à l’amour. Pourquoi ris-tu ? a encore dit Benoît. Tu sais bien que nous allons vivre une grande histoire d’amour et que tu vas foutre ta famille en l’air. Quitter ma femme …, a répété Benoît d’un air songeur. J’ai essayé déjà, plusieurs fois, mais tu sais, rien n’est plus difficile que de quitter quelqu’un avec qui on n’est plus. ..il n’y a pas de violence plus grande que d’aller fouiller en soi. Je me suis dit que l’âge adulte n’était qu’un correcteur, une seconde chance qu’on passait sa vie à réparer son enfance. Il me restait l’écriture. Elle était même la dernière arme dont je disposais pour me battre contre lui. Seulement si je décidais de m’en servir, l’histoire ne faisait que commencer. Plus il me malmenait et plus, c’est vrai, j’en tirais du plaisir : celui de voir mon livre s’enrichir. C’était un homme trop cinglant pour ne pas être abîmé, or, comme tous les grands abîmés, je le soupçonnais d’être capable du pire. Et les gens capables de cela m’ont toujours pétrifiée. L’écriture n’est pas chez moi une façon d’aimer les gens, c’était un moyen de m’en libérer. les pages 196 et 197 ..On n’écrit jamais à partir de rien, mais de ses lectures ; on écrit à partir des mots des autres, de ses pairs. L’écriture n’est jamais qu’un face-à-face avec soi-même. L’écriture est donc comme la vie : on s’imaginait qu’on maîtrisait les choses, qu’on avait ce pouvoir d’influer sur nos destins mais, en vérité, on ne décidait jamais rien ; ce qui devait être advenait, et ce qui n’avait pas de raison d’exister finissait toujours, de lui-même, par s’éteindre.

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