Mes vrais enfants
Jo Walton

Denoël
lunes d'encre
janvier 2017
352 p.  22,50 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
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Une SF douce

Patricia Cohan naît en 1926, et le roman commence en 2015. Elle vit en maison de retraite et souffre de lourdes pertes de mémoire. Sur sa feuille de soin, son état quotidien est décliné en « confuse, moins confuse, vraiment confuse», la plupart du temps, c’est VC, d’ailleurs. Confuse, elle l’est réellement, au point de se demander dans quelle réalité elle se trouve. Car Patsy a le souvenir de deux vies très différentes, qu’elle a vécues pleinement toutes les deux, et dans chacune elle a eu des enfants, pas les mêmes. Alors, qui sont ses vrais enfants ?… Le roman repart en 1933 et pendants quelques années, une seule vie est menée. Elle grandit, fait des études, rencontre Mark et débute une relation (principalement épistolaire) avec lui. En 1949, il lui pose un ultimatum : il l’épousera comme promis, mais c’est maintenant ou jamais. Trish dit oui et mène une vie privée misérable (tandis que la planète suit tranquillement un « bon » chemin), Pat dit non et sa vie est – sur le plan personnel – très réussie (malgré un sacré lot de mauvaises surprises tout de même), alors que le Monde est à feu et à sang. On suit ces deux option alternativement jusqu’à les voir converger en une Patricia sénile qui sait qu’elle doit choisir – et donc renoncer aux enfants qu’elle a eus dans l’autre vie. Malgré quelques éléments dystopiques ce roman se lit comme un récit de parcours individuels et c’est passionnant. C’est un roman très dense, qui se lit lentement et qui traverse plusieurs décennies en donnant au lecteur l’impression de les vivre lui-même, il y a quelque chose de l’ordre de la ténacité dans tout ça, un côté un peu laborieux qui offre sa récompense dans l’envie toujours renouvelée de retrouver cet univers. Les dernières années donnent l’impression de prendre de la vitesse, et on peine à se retrouver dans tous ces enfants, conjoints, petits-enfants et arrières-petits-enfants exactement comme Pat/Trish et ses problèmes de mémoire, la sensation est troublante. C’est sans doute ce qui suscite le plus mon admiration, j’ai eu le sentiment que Jo Walton avait réussi à rendre palpable le temps, en s’en jouant de belle manière.

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