L'ours
Claire CAMERON

10 X 18
janvier 2017
240 p.  7,10 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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« L’ours » a pour point de départ un fait divers tragique ayant réellement eu lieu en 1991 dans un parc naturel près de Toronto : les restes d’un couple de campeurs, dévorés par un ours, avaient été retrouvés.

Claire Cameron a imaginé que ce couple était accompagné de leurs deux jeunes enfants. Tout au long des pages, c’est Anna, 5 ans, qui parle et raconte à travers sa vision d’enfant ce qui est arrivé.

Alors qu’Anna et son petit frère Stick sont couchés dans la tente, un ours attaque le campement. Le père n’aura que le temps de prendre les enfants et de les enfermer dans la grosse glacière Coleman qui sert à garder la nourriture à l’abri des animaux.

Après ce qui lui paraît un temps interminable, Anna ose enfin sortir avec Stick et sa poupée Gwen : « Je regarde autour de nous et c’est un désordre terrible. C’est pas moi qui ai fait ça. Il y a de la nourriture sur le sol comme si on l’avait jetée dans tous les sens. C’est pas moi. Quelqu’un a joué avec et l’a envoyée partout.(…) Je vois un morceau de viande par terre et je plisse le nez d’avance en me disant qu’il doit sentir mauvais. (…) Et j’aime pas cette viande que le chien noir a laissée par terre, elle a pas de sabot non plus mais le soulier de Pap, et je sais pas pourquoi il a mis la chaussure sur la viande…. »

Anna découvre sa mère allongée dans l’herbe, très faible mais toujours en vie. Cette dernière lui ordonne de partir avec son frère : « Pousse le canoë dans le lac et rame…rame comme je t’ai appris. (…) Je suis blessée au cou, Anna. Je ne peux pas bouger. (…) Va dans le canoë et rame et attends-nous là-bas. »

Et Anna, qui s’efforce toujours d’être une petite fille obéissante va faire ce que sa mère lui demande. Sauf qu’une petite fille de 5 ans peut difficilement manier un grand canoë, lequel s’échouera à quelques mères du lieu du drame.

Les deux enfants vont passer deux jours seuls, totalement livrés à eux-mêmes, sans nourriture avant d’être retrouvés.

Le tour de force de Claire Cameron, c’est d’avoir su rendre la psychologie d’une petite fille de 5 ans face à un tel drame, la façon dont la petite a inconsciemment transformé ces éléments afin de les rendre un peu moins terrifiants. Anna ne parle jamais d’ours mais d’un grand chien noir : « Je me sens mieux, je suis plus toute seule si le chien noir est avec moi. Je m’assois une minute pour aider ma tête à penser, je mets ma main sur mon ventre pour caresser le chien noir et on a une petite discussion. Il est calme et il parle avec une voix toute douce, donc j’ai pas tant à m’inquiéter. »

Et nous, lecteurs, vivons cette histoire à travers les yeux d’Anna, qui ne comprend pas pourquoi ses parents ne sont plus là, qui s’occupe de son petit frère mais en même temps lui en veut, et qui n’a qu’une envie : se glisser dans son lit dans sa maison de Toronto et que sa poupée-doudou Gwen retrouve son odeur si rassurante qu’elle a perdue dans la forêt.

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