La nuit des Béguines
Aline Kiner

Liana Levi
litterature
août 2017
329 p.  22 €
ebook avec DRM 10,99 €
 
 
 
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La nuit des béguines

Au Moyen Age , vivaient dans les béguinages des femmes libres. Issues de familles aisées ou non , veuves , mariées ou non , elles étaient de ferventes croyantes , mais formaient en fait des communautés religieuses laïques . C’est Saint Louis qui installe le Béguinage Royal au cœur du Marais. C’est Philippe le Bel ensuite , pour qui, autant de liberté surtout chez des femmes est suspecte s’évertuera à les ramener sous la coupe du clergé.Leur disparition suivra de peu, mais sera maintenue plus longtemps dans les Flandres, là où , pour elles tout avait commencé.
C’est dans ce contexte historique, que le roman démarre ; Maheut, une jeune femme rousse , mutique , est recueillie par les béguines ; elle va participer à la vie de ces femmes courageuses, érudites, solidaires et généreuses , mais bien sûr ,pour le côté romanesque elle court un danger, donc la communauté aussi . Les personnages au demeurant forts attachants nous entraînent dans le tourbillon du Paris du XIV ième siècle , de ses métiers, dans la rudesse et l’âpreté de la vie médiévale.
Un roman historique bien attachant qui se lit avec grand plaisir.

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coup de coeur

Le Moyen-Age au féminin

Voici un roman historique qui nous plonge dans le Paris du Moyen-Âge et dans une communauté méconnue : le grand béguinage royal fondé par Saint Louis, où des femmes se soumettaient à la vie conventuelle sans avoir prononcé de vœux. Aline Kiner ancre une intrigue vivante et stimulante chez ces béguines à la fois libres et menacées. Un grand plaisir de lecture dû à la passion communicative de l’auteure.

Un jour de 1310, Maheut, une jeune fille rousse désespérée, demande asile au béguinage situé dans le quartier du Marais. Elle y est recueillie par la vieille et sage Ysabel, qui exerce ses talents d’herboriste au service de la communauté et de son hôpital. Mais après avoir soigné l’inconnue à la couleur de cheveux maudite et au passé trouble, Ysabel peine à la faire accepter par ses consœurs, d’autant que les inquiétudes ne manquent pas chez ces femmes mi-laïques, mi-religieuses : Philippe le Bel fait la guerre à tous ceux qui menacent son autorité et celle du pape ; en sont victimes Templiers et mystiques en tout genre, dont Marguerite de Porete, brûlée vive avec son livre en place de Grève pour hérésie. Il ne fait pas bon être une femme libre dans ce mâle Moyen-Âge, et le béguinage royal est sur la sellette.

A travers l’intrigue qui se noue autour de la jeune Maheut, on découvre un pan de la vie féminine du 14e siècle, lorsque des femmes au statut protégé pouvaient s’organiser ensemble comme elles l’entendaient. Dans ce roman enlevé, on parcourt les rues de Paris, des demeures bourgeoises aux cloîtres religieux, des prisons aux marchés, en passant par les quartiers regroupés en corporations où se mélangent les populations mouvantes. On commerce, on travaille, on dort, on mange, on naît, on meurt dans un brouhaha au milieu duquel le béguinage apparaît comme un havre de paix, même si la hiérarchie excite jalousies et envies. Dans une période de controverses théologiques, de différenciation entre la raison et la foi, les femmes lettrées sont regardées d’un mauvais œil, surtout lorsqu’elles contribuent à la circulation des choses de l’esprit. Stimulant et original !

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