Propriété privée
Julia Deck

Minuit
septembre 2019
173 p.  16 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Pour le Goncourt 2019
la librairie Tropismes à Bruxelles aurait choisi
« Propriété privée » de Julia Deck
et c’est dans le 
q u o i  l i r e ? #87

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Nos chers voisins

Ah, le rêve français d’accès à la propriété ! Dans le dernier roman de Julia Deck, ce souhait devient réalité pour un couple de bobos parisien, les Caradec. Charles, névrosé, est en arrêt de maladie ad vitam aeternam, et sa femme, la narratrice, travaille pour un bureau d’urbanisme. Après trente ans de vie commune en location, ils ont trouvé l’endroit idéal, en adéquation avec leur conscience écologique, et ont déménagé dans un écoquartier de banlieue, un ensemble de logements avec jardins, terrasses et panneaux solaires. Une semaine après les Caradec, les Lecoq emménagent à leur tour dans la maison mitoyenne, mais la rencontre avec cette famille envahissante et bruyante gâche le sentiment de satisfaction des premiers. Et ce n’est qu’un début. Au fil des mois, les ennuis s’accumulent : chat intrusif, échangeurs thermiques en panne, isolation phonique défaillante, travaux insupportables qui mettent leurs nerfs à vif, et pour comble, tous les voisins semblent s’apprécier, organisent apéritifs et petites fêtes en excluant nos Caradec… Mais peu à peu le vernis s’écaille, les commérages circulent, la proximité se transforme en promiscuité étouffante et la vie de l’écoquartier ne ressemble plus du tout au vert paradis acheté sur plan.

C’est le ton caustique qui fait la saveur de ce roman. La société, et particulièrement la classe moyenne supérieure, est observée par l’auteure avec une ironie sans pitié qui laisse apparaître l’individualisme et les mesquineries ordinaires derrière les façades. Satire sociale et variation sur le couple, le titre évoque autant les biens immobiliers de la communauté de voisinage que l’intimité du couple qui s’érode. Un roman acide et jubilatoire sur nos façons d’habiter l’espace contemporain.

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 Les internautes l'ont lu

Rien de bien nouveau sous le soleil.
Un début « in medias res », une première phrase d’accroche censée ferrer le lecteur, un « je » et un « tu » bien mystérieux (les joies du Nouveau Roman), le petit thriller qui se met doucement en place (tout le monde appréciera), des personnages dont on dévoile progressivement la sombre nature (ah… la complexité de l’âme humaine), une petite satire sociale qui va bien (faut bien se moquer un peu des bobos, de leurs écoquartiers, de leurs Biocoop et de leur fixette sur leur empreinte environnementale…)
A vrai dire, tout ça m’a semblé un peu « fabriqué », un peu « déjà vu » et un peu trop dans l’air du temps …
Le sujet en deux mots : las de Paris, les Caradec s’installent en banlieue parisienne, dans un écoquartier tout neuf. Ils découvrent progressivement des voisins bruyants, lourdingues, intrusifs et parfois sympas…Des voisins, quoi. Fini le bel anonymat parisien. Il faut partager sa vie avec les Lecoq (Arnaud et Annabelle), leur môme qui chiale et leur sale chat roux, les Taupin, les Lemoine, les Benani, les Bohat et quelques autres.
Bref, l’idéal que l’on s’était imaginé part bien vite en fumée…
Cela dit, si cette promiscuité est un peu pénible, elle est largement compensée par le bonheur de vivre dans des meubles en matériaux durables, une nouvelle cuisine à quatorze mille euros sans l’électroménager et un gazon bien vert et qui pousse bien dru.
Seulement, un autre bémol va venir s’ajouter au fléau des voisins et de leur sale chat poilu : le coûteux échangeur thermique, censé récupérer la chaleur des eaux usées pour compléter le travail des panneaux solaires, ne fonctionne pas correctement et personne ne comprend d’où vient la panne. Et évidemment, ça énerve tout le monde !
Et en plus, y a le chat, le chat qu’il faut zigouiller.
Derrière chaque être humain se cache une bête effrayante et capable de tout.
Voilà le décor.
Bon …
Une fresque sociale un peu mordante, un petit thriller qui peine à retenir l’attention du lecteur, des personnages un brin caricaturaux, une écriture qui rappelle vaguement le Nouveau Roman…
Certes, c’est amusant, caustique, quelques formules sont assez drôles.
Ça se lit.
Mais ce n’est pas indispensable.

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