Rawi Hage
Folio
folio
janvier 2010
368 p.
 
 
 

 
Librairie du renard
illustration Brigitte Lannaud Levy

 

Louarn en breton veut dire renard. Figure culturelle ancestrale que l’on retrouve partout dans la littérature, de La Fontaine à Dickens, en passant par Roald Dahl ou Saint-Exupéry.  Quand, il y a dix ans, Valérie et Benoît Le Louarn ont créé leur librairie, le nom s’est alors imposé à eux. Ce sera « la librairie du renard ».  C’est avec une envie de changer de vie et de métier que ces deux Franciliens se sont installés dans le lieu de leurs vacances à Paimpol, où Benoît était né. Elle était prof d’histoire-géo et lui directeur de postproduction dans le cinéma. Loin du sérail, ils ont appris leur métier de libraire en le pratiquant, nourris d’un esprit d’exigence et de curiosité. Il suffit de découvrir les magnifiques vitrines qu’à chaque fois ils imaginent pour mesurer leur créativité et leur sensibilité. Au fil des ans ils ont su s’imposer au-delà de leur région, comme des libraires de haut niveau à même de détecter les talents et de les faire émerger. Mais attention pas d’élitisme chez eux. Deux maîtres mots : éclectisme et plaisir avant tout. Ils y sont très attachés. D’ailleurs la devise de la maison est « Vivre ensemble ». Un bien joli programme.

Le livre que vous défendez avec ferveur
« De Niro’s game » de Rawi Hage (Folio). Le premier roman d’un auteur canadien d’origine libanaise. À Beyrouth, début des années 80 en pleine guerre civile, le parcours chaotique de l’amitié entre deux adolescents Bassam et Georges (alias De Niro). Dans cette ville ravagée par les bombes, le premier rêve de fuir à l’étranger alors que le deuxième est attiré par les discours belliqueux de la milice chrétienne. Entre l’exil et les armes, une écriture rapide, rythmée, très imagée qui permet de cerner l’histoire violente et douloureuse du Liban.

Le livre à qui vous auriez donné un prix l’automne dernier
« Peine perdue » d’Olivier Adam. Il n’a pas été distingué lors de la saison des prix et c’est injuste. Cet auteur aime ses personnages et a le grand talent de nous les faire aimer tout autant. Sur la Côte d’Azur, le portrait d’une vingtaine de personnes rattachées à un même lieu qui subit l’épreuve d’une tempête. Les liens se nouent et se dénouent. Olivier Adam parvient à saisir le désespoir de ceux à qui on donne rarement la parole, et à retranscrire la tristesse et la grisaille des jours de façon très sensible.

Le livre-coup de cœur de ce début d’année
« Barcelona » de Grégoire Polet (Gallimard). La vision moderne d’une Barcelone contemporaine loin de ses clichés touristiques . Des vies s’entrecroisent alors que la société dysfonctionne dans un pays qui s’enlise dans la crise économique. Ce grand roman choral est foisonnant et généreux. Cet auteur belge aborde avec talent le sujet essentiel de l’altérité, de la place accordée aux étrangers. Un écheveau d’intrigues où la ville est un personnage à part entière.

Une brève de librairie
Ce sera une émotion plutôt qu’une brève.
Avec le livre on noue des liens, c’est un fabuleux vecteur de rencontres.
Alors, lorsque certains de nos lecteurs ou lectrices ont perdu la vie, c’est un profond déchirement. On se souvient de leur dernière visite qui, souvent, était leur dernière sortie. De leurs dernières lectures aussi.  C’est arrivé hélas plusieurs fois.
Heureusement, il y a aussi l’émotion des enfants que l’on a vus naître et que l’on voit grandir à travers leurs lectures.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Librairie du Renard
8 rue de l’église
22500 Paimpol
02 96 20 54 59
https://m.facebook.librairiedurenard

 

 
 
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