Halpern Leivick
traduit du yiddish par Rachel Ertel
l'Antilope
avril 2019
512 p.  23,50 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 

l a   c  r  i  t  i  q  u  e   i  n  v  i  t  é e 

Ilana Moryoussef (France Inter) a choisi
« Dans les bagnes du tsar » de Halpern Leivick (L’Antilope)

J’adore les récits de captivité, particulièrement la littérature du goulag. Aussi me suis-je jetée sur le livre de Helpern Leivick, « Dans les bagnes du tsar », que les éditions de L’Antilope ont eu la bonne idée de faire traduire du yiddish par Rachel Ertel.

Je ne connaissais pas du tout Halpern Leivick avant d’avoir ce livre entre les mains. L’extrait reproduit en quatrième de couverture m’a littéralement happée : « Le gardien me précipite dans ce nouvel espace ? Claque les deux porte et les verrouille. Il y règne un silence de mort. C’est la première fois de ma vie que je me trouve dans des ténèbres pareilles, dans une semblable noirceur, dans une éternelle, une inqualifiable nuit. » 

Après avoir lu ces quelques lignes, impossible de décrocher.

Leivick  est né dans une misérable bourgade de Biélorussie en 1888 et il est devenu ensuite un des poètes majeurs de la littérature yiddish. Mais avant cela, à seize ans, en rupture de ban avec son milieu familial, il délaisse la religion pour l’engagement révolutionnaire. Arrêté au moment de la révolution de 1905, il est condamné à six ans de bagne et à la relégation à perpétuité en Sibérie. 

Pourquoi à la fin de sa vie, alors qu’il vivait à New-York, Leivick a-t-il choisi de relater ses années de forçat sous forme d’autobiographie ? C’est un mystère. Dès les premières pages, une personnalité d’exception se révèle, d’une stature morale peu commune. Leivick propose un témoignage de premier plan sur la Russie pré-révolutionnaire. Dans ce récit magistral, il raconte la vie au bagne, les fers au pied, exposé à la brutalité des détenus de droit commun, au typhus, à l’arbitraire des gardiens. Mais il dit aussi la fraternité avec les autres détenus politiques, les discussions sur le bien et le mal, la condition humaine quand elle est soumise à des conditions extrêmes. Après ses six ans de bagne, Leivick est emmené avec un convoi de prisonniers pour une marche de plusieurs semaines à travers la Sibérie où il est supposé passer le restant de ses jours. 

On sait que comme beaucoup de condamnés à la relégation, il a réussi à s’enfuir pour gagner New-York via Moscou et Hambourg.

Ilana Moryoussef
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