Moi et les Aquaboys
Nat Luurtsema

traduit de l'anglais par Emmanuelle Casse-Castric
Gallimard Jeunesse
romans ado
mai 2016
320 p.  15,50 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Dépasser ses peurs

Lou, quinze ans, mesure près d’un mètre quatre-vingt et nage depuis l’âge de sept ans. Toujours accompagnée d’Hannah, sa meilleure amie depuis l’enfance, elle vit dans l’ombre de cette dernière, meilleure nageuse qu’elle. Toutes deux dédient leur quotidien à la natation, persuadées de devenir un jour championnes. Mais lors d’une compétition, une course de sélection pour les Jeux Olympiques, leurs chemins se séparent de manière brutale : Hannah gagne, Louise perd. Et de loin. La gagnante part en camp d’entraînement tandis que la narratrice, honteuse et catégorique, abandonne la natation. Pourtant, la cuisante défaite qu’elle a essuyée continue de la hanter tout l’été et en septembre, elle retourne donc seule au lycée, terriblement consciente de ses difficultés en société. En effet, timide, introvertie, Lou n’avait pas d’amis hormis Hannah… et ses copines du club lui ont déjà tourné le dos. Hors de l’eau, elle ne se sent pas à sa place, dans un lycée néanmoins familier. Dans un élan de nostalgie, elle retourne un jour à la piscine. C’est dans ce lieu chéri que trois garçons lui proposent un défi aussi séduisant qu’insensé : qu’elle devienne leur coach pour chorégraphier une danse sous l’eau et se présenter à un concours de talents…

Sur un thème atypique et séduisant, l’auteur, dont c’est le premier roman pour la jeunesse, se glisse dans la peau d’une adolescente mal à l’aise –trop grande, trop sportive, trop maladroite- mais qui ne s’attriste pas longtemps sur son sort. Parce qu’elle est drôle, déterminée et énergique, Lou se rend infiniment attachante pour le lecteur. Son sens de la répartie –pas toujours au bon moment-, ses pensées délirantes et sa faculté de s’attirer des ennuis font de cette narratrice une anti-héroïne très humaine, à laquelle l’adolescent s’identifie facilement. Derrière l’humour et la subtilité, on découvre de la faiblesse, de la colère et de la rancœur, sentiments légitimes après un échec important. Dans ce roman qui se lit avec une rapidité déconcertante, Nat Luurtsema nous parle aussi du dépassement des peurs, de la capacité à aller de l’avant, tout en laissant la part belle à la famille et à l’amitié. En effet, les relations de Lou avec sa sœur Lavande sont particulièrement bien décrites, et l’on se retrouve dans le lien affectif qu’elles tissent, entre profond agacement et tendre complicité. Séparée de sa meilleure amie qui semble vivre son rêve à sa place, la narratrice n’a d’autre choix que de se tourner progressivement vers les autres… En douceur, le récit pose enfin la question de l’évolution d’une amitié vécue à distance, mise à l’épreuve par les choix individuels et la poursuite des passions. 

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