Dis-moi que tu m'aimes
Joy Fielding

Michel Lafon
mai 2015
398 p.  19,95 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû

Pour moi, rien à garder…

« Un thriller paranoïaque et voyeuriste dans la veine de Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock », annonçait la quatrième de couverture. Voila qui était très alléchant. Bien bien bien… J’aurais dû me contenter de mon chocolat aux noisettes, lui aussi très alléchant.

C’est que pour nous faire comprendre (madame Fielding nous prendrait-elle pour des abrutis dépourvus de neurones?) que son héroïne est traumatisée non seulement par son viol (on le serait à moins) mais aussi par le fait qu’elle n’a pas pu voir le coupable, l’auteur accumule les scènes de réminiscences et d’angoisse paranoïaque dès que Bailey croise un homme, brun, entre 20 et 40 ans et de taille moyenne (autrement dit : la moitié de la population masculine de Miami – ça fait pas mal de crises d’angoisse en perspective). A trop vouloir insister (elle nous prend donc vraiment pour des abrutis), elle n’obtient qu’un roman hyper répétitif, où le même chapitre semble se répéter indéfiniment, où on sait à peu de chose près ce qui va se produire dans les 20 prochaines pages, avant de repartir pour un tour, Bailey reprenant ses satanées jumelles pour espionner son voisin.

Parlons-en, de cette Bailey. Je lui ai trouvé un manque de crédibilité affligeant. On nous martèle qu’elle est détective, que ses réflexes professionnels reprennent le dessus, l’obligeant à agir, incapable qu’elle est de rester là à attendre qu’on lui apporte le coupable. Bien. Logique, en effet. Mais elle oublie (bien commodément, pour les besoins de l’intrigue) tout ce qu’elle sait des précautions qu’elle devrait prendre, pour se protéger elle et l’enquête en cours, au lieu d’enchaîner les entreprises hasardeuses et les accusations en l’emporte-pièce qui finissent par la décrédibiliser totalement.

Après m’être endormie dessus tous les soirs pendant une semaine (ce qui nous fait une moyenne d’un suspect et 3 coups de fil par session de lecture), arrive enfin le moment du dénouement et de la grande surprise. Ah non, pardon. Pas de surprise, pour ma part. Pas que j’aie tout deviné en détails avant la fin, non. Mais tout était fait pour laisser penser que surprise il y aurait, et donc une partie des révélations allait franchement de soi. Par contre, si vous attendez des explications sur les motivations et la façon de procéder du violeur, nada. Des réponses à des questions que vous vous êtes posées durant la lecture concernant un événement abordé à plusieurs reprises (non, je ne spoilerai pas), que dalle aussi. Cette fin, particulièrement expéditive, à l’opposé de tout le roman, ne m’a donc absolument pas convaincue.

Bref, je me suis ennuyée, vraiment. J’ai trouvé qu’il n’y avait que Jade, la nièce de Bailey, pour sauver l’histoire. Alors que le pitch me branchait réellement et aurait pu donner un roman tout à fait prenant et angoissant, ce qui ne fait qu’accentuer la déception. Entrer dans la tête de la victime, ressentir ses doutes, ses craintes, ses angoisses, vivre ses difficultés à remonter la pente, à reprendre une vie normale, à simplement sortir de chez elle. Comment dépasse-t-on cet événement traumatisant? Clairement, le traitement ne m’a pas convaincue. J’aurais peut-être pu l’apprécier davantage avec 150 pages (de répétitions) en moins. Quant à la question de savoir si Bailey devient folle ou pas, j’avoue que pas une fois je ne me la suis posée, tant cela me semblait cousu de fil blanc.

Si vous l’avez lu, j’attends vos avis : c’est moi ou pas? J’avoue, c’est peut-être bien moi : il s’agit du quatorzième roman de l’auteur, on pourrait donc s’attendre à mieux, non? Serait-ce une erreur de parcours? Ou suis-je vraiment passée totalement à côté?

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