Enfer blanc
Max Annas

traduit de l'allemand par Mathilde Sobottke
belfond
belfond noir
octobre 2019
192 p.  19 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

24 heures chrono

Unité de temps, unité de lieu… « Enfer Blanc » aurait pu être une pièce de théâtre, c’est un roman à suspense. Une poursuite diaboliquement ficelée, qui se joue en 24 heures dans un quartier résidentiel d’une ville d’Afrique du Sud. L’auteur est un romancier allemand de 56 ans, Max Annas, ancien rédacteur en chef à Cologne du magazine Stadtrevue. Avant de revenir se fixer à Berlin, ce passionné de politique et de culture a séjourné à l’université d’East London, dans la province du Cap, pour une recherche sur le jazz sud-africain. Il n’y a pas que la musique qui l’ait inspiré. Rentré en Allemagne, il s’est lancé dans une trilogie ambitieuse qui observe la société sud-africaine sous différents angles. La propriété est au centre du premier livre, « Die Farm » (« La ferme », inédit en français) et le racisme au cœur du deuxième, « Die Mauer » (le mur, devenu « Enfer blanc » en français). Cette trilogie du chaos doit s’achever avec « Die Stadt » (la ville), un troisième volet encore à paraître. « Enfer Blanc » démontre par l’absurde à quel point, vingt-huit ans après la fin de l’apartheid, la place de chacun reste figée selon sa couleur de peau. Un jeune homme noir, en panne de voiture, pénètre dans l’enceinte d’un lotissement ultra-sécurisé pour y chercher de l’aide. Un couple de cambrioleurs, noirs eux aussi, s’y glisse au même moment avec des intentions moins avouables. Ils ignorent que les vigiles sont déjà sur les dents. Le premier intrus est vite repéré par les caméras et pourchassé. Il n’a rien à se reprocher, il fuit par prudence, parce que sa bonne foi ne vaut rien. Les deux voleurs n’ont rien pris dans la maison qu’ils ont visitée, juste trouvé un cadavre qui pourrait les accuser. A chaque seconde, la partie de cache-cache peut être mortelle. Max Annas en fait un ballet cruellement ironique, une métaphore cynique de la société post-ségrégation. Car tout autour, d’autres noirs agissent librement et sans crainte : un jardinier, une nourrice, une auxiliaire de sécurité coincée devant ses écrans de contrôle. Simples spectateurs, sagement dans leur rôle. Les trois qui sont traqués, eux, sont sortis des clous. Dans leur parcours à perdre haleine, pour quitter cet infernal labyrinthe résidentiel, ils vont de choc en surprise. Jusqu’à un ultime retournement, qui atténue l’amertume de l’histoire et renforce son goût de fable.

 

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