L'été contraire
Yves Bichet

Mercure de France
coll bleue
août 2015
192 p.  17 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
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Un roman empli de lumière

« L’infirmière elle aussi a l’impression que quelque chose d’essentiel est sur le point de se jouer sur cette route de montagne, quelque chose d’impossible à évaluer, qui va les modifier en profondeur. Ils prennent la route. Ils s’en vont tous les quatre, peut-être tous les six, chacun continuant à gambader dans ses propres rêves. Jusqu’où iront-ils ? À qui et à quoi tournent-ils le dos ? Sont-ils en train d’imaginer un monde nouveau ? »

La nuit est tombée sur Le Bosc. Une douce fraîcheur enveloppe enfin la poignée de pensionnaires qui a décidé ce soir de faire le mur. Fuir pour quelques heures le solide bâtiment de béton dans lequel ils passent leurs journées. Prendre l’air. Un air plus respirable. Du côté du casino en contrebas. Sortir de la maison où on les a placés, leur ultime demeure. D’autres vieux, comme eux errent dans les couloirs, restent assis pendant des heures dans leur chambre, tournent et retournent dans leur esprit les mêmes choses, des bouts de leur vie, qui s’estompent doucement. La mémoire défaille, le corps aussi. La solitude se fait pesante…
Pourtant, ils sont encore dans la vie, pas à côté, pas encore. De l’énergie, Clovis l’ancien militaire, Vignaud dans son fauteuil roulant, qui fut banquier, le baron de la Croix Duval et ses titres en bourses, Gigi la simplette, en possèdent encore un peu. Le désir de vivre est là. Etre dans la lumière, sous les néons, s’amuser, rire, vibrer devant les machines à sous, s’étourdir. Clémence, l’infirmière bienveillante observe leur manège depuis quelques temps déjà. Elle sourit et tourne les talons. Elle comprend tellement bien ce besoin qu’ils ont de s’échapper de leur condition…
Mais, ce soir-là, tout sera différent : les pensionnaires sont attrapés et l’infirmière licenciée sur-le-champ. Cet événement sera le déclencheur, la réaction des pensionnaires ne se fera pas attendre. Clovis, Vignaud, Gigi prennent leur envol. Rejoignent Clémence et Douss, l’agent d’entretien en CDD… Ils n’ont plus rien à faire ici, plus rien à perdre, plus qu’à partir d’ici. Rouler, serrés les uns contres les autres dans un quatre-quatre, conduit par Douss.
Sous une chaleur caniculaire, les compagnons de fortune vont arpenter la France en tous sens. Un souffle de liberté s’empare de chacun d’entre eux. Les forces sont décuplés, les esprits s’éclaircissent. Alentour, des gens souffrent de la canicule, les habitants des villes qu’ils traversent s’affaiblissent, les hospices sont en alertes… Les cinq compagnons de route, devenus hors-la-loi vont bousculer le pays. Ensemble, ils vont agir. Faire le bien. Voler pour donner. Donner pour soulager. Soulager pour sourire à la vie, qui ne les a pas encore quittés.
Un roman empli de lumière, de joie et d’humanité porté par une écriture belle et tellement généreuse.
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