La ballade de Mulan
Chun-Liang Yeh

Hongfei Culture Editions
hors coll
septembre 2015
44 p.  19,90 €
 
 
 
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coup de coeur

Une légende belle et intemporelle.

Agenouillée à même le sol, les mains occupées à tisser, Mulan semble pourtant avoir l’esprit ailleurs. La jeune femme est tourmentée depuis qu’elle a lu la liste d’appel du Khan. Le souverain chinois prépare une armée pour contrer l’envahisseur. Le visage de son père lui apparaît. Trop âgé pour combattre, il a deux filles et son fils n’est qu’un enfant… Mulan se défait de sa longue robe, ôte la fleur ornant ses cheveux, achète un cheval, l’équipement nécessaire et revêt l’armure du soldat. Elles est désormais un soldat comme un autre.
Comme une évidence, sa décision est claire : elle prend la place de son père. Durant douze ans, Mulan défend son pays avec témérité et détermination. Peu importe qu’elle soit femme. Au milieu de ses compagnons d’armes, il n’y a pas de différence. Ils sont égaux devant l’adversité.
La guerre finie, c’est avec joie qu’elle entre auprès des siens après avoir refusé tout or et un statut de ministre. Elle se débarrasse de son habit de guerre et glisse son corps dans sa robe, qui l’attendait. Elle ajuste sa coiffure, y place une jolie fleur jaune et s’en va saluer ses compagnons de route. Leur stupéfaction est immense : il la croyait homme.
La Ballade de Mulan est un texte classique chinois – on peut voir la version originale à la fin de l’album, accompagné d’un commentaire sur la légende et son héroïne – écrit probablement au IVème siècle par un auteur inconnu. Une légende populaire ancestrale qui se transmettait oralement d’une génération à l’autre. Un poème dont la musicalité permettait de s’en souvenir aisément. Une héroïne chérie et vénérée par les chinois, attachée à sa famille et à sa patrie, le symbole de la liberté, de l’humilité. Une personne libre d’agir en son âme et conscience, faisant fi de la barrière des conventions sociales. C’est avec une fidélité absolue au texte que Chun-Liang Yeh le traduit. Un texte concis, poétique, recouvrant douze années d’une existence. Si harmonieux qu’on pourrait presque le chanter.
Les illustrations de l’album ont été confiées à Clémencc Pollet qui a utilisé la technique de la linogravure. À l’aide de trois couleurs, le jaune, le bleu et le rouge, elle a joué avec les reliefs, la transparence, les motifs, les rayures, les lignes droites, courbes. Son travail est à la fois aérien et terrien, réaliste et onirique. Texte et images se mêlent avec élégance.
Un grand album, dans tous les sens du terme ; sa taille – 25×34 cm -, ses mots qui nous viennent des temps anciens, son thème universel et si contemporain, ses illustrations éclatantes de beauté, la douceur du papier Munken. Une histoire belle et intemporelle où il est question de l’identité et du genre. Un lien, une résonance avec certains débats d’aujourd’hui. Un album précieux.
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