Les hommes
Richard Morgiève

Joëlle Losfeld
litterature fra
août 2017
376 p.  22,50 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Un bandit si attachant

Auteur d’une trentaine de romans, Richard Morgiève nous offre une histoire de voyous dans le Paris populaire de la fin des années 1970. Ex-taulards, prostituées au grand cœur, barbouzes, l’auteur, avec une écriture exceptionnelle mâtinée d’Audiard, fait évoluer ce monde interlope autour d’un magnifique personnage. Un gros coup de cœur !

Un beau gosse qui vole des voitures

Voilà deux ans que Mietek Breslauer est sorti de prison, mais il n’a pas renoncé à ses activités puisqu’il devient l’héritier de Robert-le-Mort, un gangster héroïque qu’un cancer a emporté. Fort d’un réseau au sein duquel il est respecté pour être réglo, Mietek se spécialise dans le vol de voitures de luxe, puis s’associe avec deux frères dans une entreprise de braquages de bijouteries et de débarras d’appartements haut de gamme. Avec sa gueule d’ange, il fait fondre tant les prostituées que sa vieille voisine de palier, dont il s’occupe comme un fils. Il aide ses frères de galère sans compter, n’hésite pas à cogner sur les types qui maltraitent les femmes, et aime Oscar Wilde et José Giovanni. Mais Mietek aspire à autre chose que rouler sans fin dans la nuit sur le périphérique et échouer au troquet où il ne boit que de la Vichy parce qu’il est alcoolique. Un jour, il s’amourache de Ming, une femme qui ne peut pas l’aimer, parce qu’elle est paumée, lesbienne et mère d’une petite fille.

Entre Audiard et Céline

Richard Morgiève parle d’une époque révolue, d’un Paname qui n’existe plus, et d’hommes enterrés avec leurs secrets ou partis sans laisser d’adresse. On retrouve ici toute la gouaille des dialogues d’un Michel Audiard, et la profondeur d’un antihéros qui traîne son insatisfaction sur les quais de Seine et dans les bars, où le zinc sert de béquille aux naufragés de leur chienne de vie. Dans ce roman où débrouille rime avec embrouille, on pleure ses morts avec la famille qu’on s’est choisie. Au milieu de tout ça, Mietek est en quête de lui-même, cherche à se bâtir une stature d’homme, de père et d’écrivain, sans modèle et sans filet. Et jusqu’à la fin, on espère un avenir à la hauteur de ce personnage follement attachant, écorché vif et romantique.

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