Papas !
Michel Torrekens

Zellige
vents du nord
mai 2016
144 p.  14,90 €
 
 
 
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coup de coeur

Papa où t’es ?

J’ai découvert la plume de Michel Torrekens avec « Le géranium de Monsieur Jean » paru aux éditions Zellige, cela reste un de mes beaux coups de coeur de ces dernières années. Il nous revient ici dans son style de prédilection : la nouvelle. Un recueil de treize nouvelles ayant pour thème central la relation père-enfant ou enfant-père. On va tour à tour y rencontrer le père qui s’ignore, celui qui fut rejeté, caché dont on ne voulait absolument pas parler, celui qui est dans l’ombre, le père modèle…. Avec beaucoup de sensibilité mais aussi beaucoup d’humour, Michel Torrekens nous fait découvrir la vision de l’enfant, ou celle du père dans des contextes différents, par le biais de faits divers, en intégrant des préoccupations essentielles de notre société : les bouleversements climatiques, les divisions communautaires de notre pays, … Les situations sont toutes différentes mais nous amènent à la même réflexion centrale : quel rapport avons-nous avec notre paternel, et si on changeait ceci, et si on osait franchir le pas des non-dits…. Il nous questionne dans notre vision du père. C’est l’être humain et ses failles qui seront abordés avec beaucoup de pudeur et de sensibilité. C’est la fierté (‘Tie Break’) lorsque le fils dépasse le père, le bonheur de se découvrir une famille que l’on ne soupçonnait pas (‘Vader’), l’influence d’un père que l’on idéalise ou prend comme modèle (‘Un brave petit soldat’, ‘Le fils de l’ombre’), mais aussi des sujets sensibles qui font partie de l’actualité, des faits divers de notre société ou la perception de l’absence et des regrets (‘Love parade’). L’émotion énorme dans ‘Père porteur’, l’envie de rencontrer celui qu’on a pas connu (‘De père en fils’) en poussant les choses à l’extrême. Et puis aussi une petite note écologique où l’on pose en filigrane les questions concernant les changements climatiques, notre attitude dans la solidarité nord/sud , les énergies renouvelables (‘Love Parade’/’Toeme li ka sid yé’) Bref un tas de questions l’air de rien qui peuvent se poser dans la relation père-enfant, qui évoluent au fil du temps… Chaque nouvelle apporte une réponse, une émotion et pose une réflexion sur la relation que l’on a avec son père ou ses enfants. A la fin de ses treize nouvelles, un cadeau parfait pour fêter papa, on se dit, et si on écrivait la quatorzième , si on se posait la question : quelle est ma relation avec mon père ou avec ma progéniture, il y a sans doute des choses que je ne lui ai jamais dites, et si j’en profitais pour l’écrire. C’est beau , la plume est fluide, sensible, empreinte de tendresse . Elle passe du Je, au Tu ou Il en fonction de la nouvelle. On sourit, on a parfois le coeur gros. Un recueil touchant rempli de beaucoup d’amour.
Ma note : 9/10 Les jolies phrases Faire et défaire et refaire, c’est toujours vivre. Les sentiments sont bien plus forts que les décisions de justice. Le visible et l’invisible appartenaient à cet homme, capable de transformer la banalité en rêve, de m’ouvrir à des émotions insoupçonnées. Tous ces points blancs et noirs formaient une nuit étoilée où se dessinait une constellation à laquelle il se sentait lié, à laquelle il allait consacrer désormais sa vie. Parfois, on traîne tellement à dire une vérité qu’on finit par la taire. C’est ce qui nous est arrivé. Pourtant, je ne me suis jamais senti l’égal de mon père que sur cette surface de terre battue, orangée, où il voit en moi un adversaire digne de lui. Là où la brique pilée n’a pas été trop remuée, apparaissent nos traces de pas. mes empreintes ressemblent de plus en plus aux siennes. J’ai toujours joué contre lui pour être avec lui. Peut-être que ceci s’achève. Serait-ce cela vivre, grandir ? Infliger des défaites à l’autre sans vraiment les avoir souhaitées ? Fuir les humains, ne m’empêche pas de les aimer. Dix fois, onze fois, je devrai lui rappeler que je suis son fils, « je zon », ce fils qu’il a nié, renié, oublié. oublié toute sa vie et oublié définitivement depuis que la maladie a irradié son cerveau.

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