Trahir
Helen Dunmore

traduit de l'anglais par Antoine Bargel
Mercure de France
bibliotheque et
février 2017
464 p.  25,80 €
ebook avec DRM 17,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Un cas de conscience

Le jeune Dr Andreï Mikhaïlovitch exerce, en cette année 1952, à l’hôpital de Leningrad. Son métier, il le pratique avec ferveur, délicatesse et une empathie admirable. Les enfants ont bien besoin de ce brillant pédiatre. Leur vie, dans cette ville qui porte encore les stigmates de la guerre, est éprouvante : les appartements sont exigus, le froid s’installe, les denrées viennent à manquer. Et puis il y a le Guépéou qui sait tout, voit tout. C’est dans cette ambiance troublée qu’arrive à l’hôpital Goria, un jeune malade, qui, curieusement, embarrasse l’équipe médicale. Andreï est désigné par ses supérieurs pour le soigner et découvre qu’il est le fils du chef de la police secrète.

Le médecin est forcément coupable

En acceptant de suivre le petit garçon, en constatant qu’il est atteint d’un cancer des os et qu’il sera à coup sûr amputé, il sait déjà que sa brillante carrière risque de prendre fin. Car, Volkov, le redoutable père de Goria, ne lui pardonnera pas de devoir mutiler son enfant. La merveilleuse Anna, la femme d’Andreï, et certains de ses collègues, tous terrifiés, ne le feront pas changer d’avis : à ses risques et périls, le pédiatre traitera son jeune patient.

Un monde où il ne faisait pas bon vivre

La britannique Helen Dunmore reconstitue à merveille ces années de purge politique où chaque Soviétique tremble de commettre un faux-pas, où les voisins, les amis même, peuvent dénoncer n’importe qui pour n’importe quoi. Des années de répression où des hommes et des femmes ont vécus tête baissée, pétrifiés à l’idée de sortir du rang. Andréï, trahi par tous ou presque, est le symbole de ces héros ordinaires qui croient dur comme fer en l’humanité et il n’envisage pas une seconde rompre le serment d’Hippocrate. Ce roman réquisitoire, à la fois dur et instructif, nous rappelle que le monde où Staline régnait en maître, n’est pas si lointain. Un monde où se montrer exemplaire, altruiste ou simplement responsable, menait à sa perte.

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