Une braise sous la cendre
Sabaa TAHIR

Pocket Jeunesse
octobre 2015
528 p.  18,90 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Entre dystopie et héroïc fantasy

Dans ce roman, nous suivons deux personnages d’un chapitre à l’autre : Laia, et Elias. Une rafle. Dans les rues de la ville, les Masks, assassins d’élite de l’Empire, se répandent à la recherche de membres de la résistance. Les grands-parents de Laia sont tués sous ses yeux alors que son frère Darin, est emmené pour être torturé à la prison centrale. Laia s’enfuit, de justesse. Elle n’a qu’une idée en tête : trouver les résistants et les supplier de sauver son frère, en hommage à leurs parents, anciens leadeurs de la rébellion, morts sous la torture. Se sont eux qui la trouvent en premier, mais leur aide a un prix : en échange de l’évasion de Darin, Laia devra infiltrer l’école de Blackcliff, l’endroit le plus craint, le plus maudit de l’empire, l’école où sont formés les futurs Masks. Pire, elle devra abandonner sa liberté pour devenir l’esclave personnelle de la commandante de Blackcliff, une femme sadique et perverse dont le passe temps favori est de mutiler son personnel. Laia le sait, ses chances de sortir indemnes des griffes de la Commandante sont nulles, mais c’est le prix à payer pour sauver son frère. Derrière les hauts murs de Blackcliff, Elias se prépare. Dans quelques jours, il terminera sa formation de Mask et deviendra un tueur à la solde de l’Empire. Il n’a pas choisi cette vie, cela fait des mois qu’il prépare son évasion. Si il est rattrapé, il sera fouetté jusqu’à la mort par la Commandante, sa mère, qui y prendra un plaisir certain. Tout est prêt. Mais le jour J, les Augures, ces êtres immortels porteurs de prédictions étranges, annoncent une nouvelle prophétie : L’Empereur mourra sous peu, sans descendance. Quatre épreuves seront lancées pour quatre Aspirants, Elias, sa meilleure amie Hélène, et les jumeaux Farrars. Le vainqueur des Epreuves deviendra Empereur, le second deviendra son bras droit, les deux autres seront exécutés. « Une braise sous la cendre » n’est pas un roman post-apocalyptique, l’Empire n’est ni construit sur les ruines des Etats-Unis, ni le fruit empoisonné d’une Troisième guerre mondiale. A vrai dire, l’histoire ne se déroule même pas dans notre monde. Certes, certains mots nous sont familiers, on nous parle d’Erudits, de Martiaux, ce qui nous rappelle la saga Divergente, mais la comparaison s’arrête là. Car cet univers est tellement plus fouillé, inventif, coloré, cruel, et fantastique ! Il joue constamment entre la beauté, l’horreur. La beauté des fêtes païennes, les tissus, les odeurs, la sagesse des Djinns et les contes des tribus. L’horreur de Blackcliff, de ces enfants arrachés à leur famille, brisés, entraînés à tuer, dont le masque d’argent fond sur leur visage jusqu’à ce qu’il soit impossible de l’enlever sans s’arracher la peau. L’horreur des Epreuves que doivent passer les Aspirant, d’une grande violence physique et psychologique, presque sadique. « Une braise sous la cendre » vogue entre la dystopie (une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur) et l’Heroic-Fantasy, apportant ainsi une bouffée d’air frais dans cette pluie de romans « survival ». L’autre point fort de ce roman est sans conteste le personnage de Keris, la Commandante de Blackwood. A travers les yeux de Laia et d’Elias, on apprend à la détester d’abord, à la craindre ensuite. Il n’y a rien, absolument rien, pour sauver l’âme de cette femme : une vraie méchante comme on en fait plus. A côté d’elle, le Président Snow prend des allures de baby-sitter. Si elle pouvait n’être que méchante, passe encore, mais elle est d’une intelligence redoutable, une stratège hors paire, un détecteur de mensonges humain, une combattante impitoyable, elle prend plaisir à tourmenter, torturer et tuer. Son existence n’est que noirceur et elle ne vit que pour se délecter de la souffrance des autres. Comme a dit un grand homme : « Some people just want to see the world burn. ». Bref, la Commandante est LA méchante par excellence, la représentation de la peur, et de la douleur dans le roman, et rend tout le récit absolument imprévisible. Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir les personnages et les intrigues par vous-même, et le plus vite possible. Sachez tout de même qu’une adaptation au cinéma est prévue pour 2017 !

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