Kililana Song (Tome 1)
Benjamin Flao

Futuropolis
mars 2012
128 p.  21 €
ebook avec DRM 13,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Une pépite

Kililana Song est une oeuvre. Un chef d’oeuvre même. Avec un récit comme celui-là, B. Flao prouve s’il en était besoin que la BD est un art au même titre que la peinture et le cinoche, dont elle procède. Son sens de la composition de l’image mais aussi de la page, autant du point de vue des cadrages de chaque vignette que de son agencement avec ses voisines et de l’harmonie colorée globale qui nous saute aux yeux, tout ça fait qu’on s’arrête souvent dans le récit avec le sentiment d’être en plein choc esthétique. Fluidité autant que nervosité du trait, rendu des textures et des lumières, expertise du pinceau, maîtrise des plans serrés, des obliques qui dynamisent autant que des grand-angles qui paysagent, dosage des toniques avec leurs complémentaires, audace des vignettes pleine- page parfois, c’est un enchantement trop souvent dans les deux tomes pour que je n’aie pas envie de le partager. Cette BD, je l’ai achetée pour le Noël de ma fille mais je vais devoir retourner me la commander pour moi, et elle trônera aux places d’honneur dans mes rayonnages.
B. Flao a passé du temps sur place et rempli nombre de carnets de voyage pour s’imprégner d’Afrique, c’est évident. Et il nous fait partager ses coups de coeur, avec en prime un récit qui accroche. Il nous attache à un petit gars dégourdi qu’il plonge dans une aventure oscillant entre conte légendaire et polar ethnique, sous-tendue par un enjeu écologique. Son beau livre prouve que, non content d’avoir aimé et digéré la physionomie d’un pays, il en a compris l’âme et l’a aimée au moins autant. Son histoire est belle, elle a du fond, et comme raconteur B. Flao n’est pas laborieux : ses dialogues sonnent vrai, invitent le sourire ou le drame tour à tour, sans développements interminables dans des phylactères qui mangent les images, mais sans nous laisser sur notre faim dans la connaissance des personnages ou des situations. Le juste dosage, vraiment du grand art.
En ouvrant cette BD, vous prenez un risque : celui de devoir repartir avec, délesté d’une quarantaine d’euros. Elle existe pour un peu moins cher en regroupement des deux tomes sur un plus petit format mais je le déconseille, rien que pour la couverture du tome 2 qui va vous laisser sur le c.., si comme moi vous préférez l’harmonie bleu-orange.
Il faut faire vivre l’éditeur, l’auteur et les gens qui nous donnent cette pépite. Acheter leur oeuvre c’est une affaire du siècle, ce siècle si mal commencé pour la Terre malmenée par les hommes…

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coup de coeur

Une BD exceptionnelle.

C’est une pépite, un voyage immobile de toute beauté. C’est une BD mais aussi un carnet de voyage, et si j’osais, une oeuvre d’art.
Tome 1: c’est donc l’histoire de l’impertinent Naïm qui vit dans une île Kéniane sous le soleil. Il a 11 ans et une curiosité sans faille. Plutôt que de se laisser enfermer dans l’école coranique du village et d’y subir une discipline auquel il ne veut se plier, il parcourt son île, son grand frère toujours dans son sillage cherchant à le ramener dans le droit chemin. C’est une galerie de personnage que nous découvrons à sa suite, une foule d’expériences amusantes et les dédales de son village.

Dans le tome 2, le propos se fait plus précis. Naïm embarqué malgré lui sur un frêle esquif au lieu de l’océan découvre les légendes de son île et le vieil Ali, gardien de l’arbre sacré. La légèreté et l’innocence s’éloignent: il y a des étrangers qui trafiquent, des militaires qui défendent, il y a des mercenaires… Naïm, un peu moins naïf mais toujours optimiste reste notre fil d’Ariane vers l’épilogue sans appel qui sauve la morale de cette histoire.

Les dessins à l’aquarelle sont magnifiques et très expressifs, le texte est comme écrit au crayon. Ces pages sont superbes et n’attendent que vous !

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