L'Arabe du futur - Tome 2
Riad Sattouf

Allary
juin 2015
160 p.  20,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

entre espoir et desespoir

Riad Sattouf est né en 1978, d’une mère bretonne et d’un père syrien. Ce dernier, Abdel-Razak Sattouf, alors qu’il venait d’une famille très pauvre, bénéficia d’une bourse pour poursuivre ses études à la Sorbonne. C’est ainsi qu’il tomba amoureux d’une Française et devint docteur en Histoire (et aussi en histoires, car son imagination n’était jamais à bout de ressources).
Lorsque Riad était encore très jeune, la famille embarqua pour la Lybie. Puis après un bref retour en France et la naissance d’un deuxième enfant, elle repartit pour la Syrie, afin de s’installer dans le village paternel, tout près d’Homs. Riad, qui avait alors six ans et de longs cheveux blonds, devint la risée et le souffre-douleur de ses cousins et de ses camarades de classe.
A travers cette autobiographie en dessins, il raconte le quotidien d’une famille arabe moyenne des années 80, dans la Lybie de Kadhafi puis la Syrie d’Hafez-Al-Assad. Les couleurs changent selon les pays, bleu pour la France, jaune pour la Lybie et rose pour la Syrie. La France, ce sont les vacances avec les grands-parents, les supermarchés regorgeant de marchandises, et les promenades sur la plage. Le retour en Syrie se révèle à chaque fois plus difficile, douloureux même. Ce pays, où règne un régime socialiste, bannit la propriété. Ce qui signifie que si quelqu’un trouve votre maison vide, il a le droit de s’y installer, même si vous êtes juste sorti vous balader dans le quartier. La précarité est de mise dans ce pays où la plupart des gens vivent dans un grand dénuement et où le président remporte les élections avec 100% des suffrages, ce qui n’est jamais bon signe.
Riad Sattouf raconte leur vie au quotidien et c’est passionnant. Il y a de l’humour, surtout pour décrire le père, un grand gosse plein de fantaisie, mais aussi beaucoup d’angoisse (comment se réjouir d’aller à l’école alors qu’on peut se faire battre pour un rien ?), de mélancolie (on comprend entre les lignes que la mère traverse des périodes de déprime et d’infinie solitude) et de désarroi lorsque Riad essaye tant bien que mal de s’intégrer pour faire plaisir à son père qui rêve qu’il devienne « Un arabe du futur », moderne et éduqué.
Le premier volume, qui se passait en Lybie, a paru l’an dernier, s’est vendu à 200.000 exemplaires et a été traduit dans quinze langues. Le deuxième, qui raconte la Syrie, sort aujourd’hui. Avec les turbulences que traversent ces pays, cette bande dessinée devient presque un manuel d’Histoire, dont on attend impatiemment la suite.

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Lu dans la foulée du premier, on retrouve le petit Riad dans le village syrien de ses grands-parents paternels. Fini l’insouciance, il a six ans et il est temps qu’il se rende à l’école. Une école où la violence règne car si on ne connaît pas l’hymne national par exemple, hop un gros coup de règle sur les doigts. C’est comme cela à chaque désobéissance, cahier oublié, manque de propreté …. hop un bon coup de règle, à la dure… Faut dire qu’au départ Riad a peur de l’école, étant blond, il se fait traiter de sale juif, la violence est partout à l’école jusque dans les jeux. On comprend que la place de l’homme dans la société est primordiale, l’aîné doit veiller sur son frère (si peu présent dans l’histoire). Les femmes n’ont rien à dire et on a envie de secouer Clémentine qui ne se révolte pas de ses conditions de vie difficile (appartement quasi insalubre, pas de confort, pas d’électricité, la place que prend l’Homme…). Riad commencera également l’apprentissage du Coran et de ses cinq préceptes. J’ai toujours autant de plaisir à retrouver l’humour de l’auteur et j’ai hâte de lire la suite programmée à la mi-octobre. Ma note : 8.5/10 Une jolie phrase Mon père m’a dit que plus on grandit, et plus on comprend. Et qu’à un moment, tout devient clair, et on ne pose plus de question.

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