Mauvais genre
Naomi Alderman

Points
septembre 2013
409 p.  7,70 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

Une BD pas comme les autres

Longtemps j’ai tourné autour de ce livre sans arriver à me décider. Pourtant, « mon » libraire BD, toujours d’excellent conseil, m’y incitait; la presse et de nombreux blog encensaient cet album; un prix du festival d’Angoulême venait le couronner et il s’inscrivait dans les commémorations de la Première guerre.

C’est donc l’histoire d’un procès. On ne connaitra le motif et les victimes qu’à la fin, finalement. Il faut d’abord découvrir l’histoire (vraie !) de Paul et Louise, jeunes mariés qui se retrouvent séparés dès la fin de la cérémonie par le départ au front de Paul. C’est la guerre, la grande, celle de 14/18. Les horreurs vécues en très peu de temps vont lui être insupportables et Paul déserte. Il file retrouver sa Louise. Oui mais voilà, à cette époque, être déserteur, c’est être passible de la peine de mort. Il faut se cacher, il faut se cloitrer. Alors, pour échapper à l’enfermement, Paul va se travestir et devenir femme.
C’est Louise qui va l’y aider: à se déplacer comme une femme, à se maquiller, à utiliser les bons accessoires avec féminité. Et va même lui trouver du travail dans son atelier de couture. C’est beau, c’est léger. Paul devient Suzanne, se prend au jeu (salvateur) et s’installe vraiment dans son personnage. C’et que non seulement il faut attendre la fin de la guerre, mais il faut aussi que tous les déserteurs soient amnistiés !
La situation devient difficile, la frontière avec la schizophrénie est mince. Surtout que les cauchemars des tranchées refont surfaces. Certaines illustrations font d’ailleurs terriblement penser à des passages de  » Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre.
Vient alors la spirale:les incompréhensions dans le couple, l’ivresse de l’alcool, la perversion au bois de Boulogne, jusqu’à ce que…

J’ai était emballée par cette lecture: l’histoire est terrible mais admirablement bien illustrée. Ce noir et blanc, seulement ponctué par des taches de rouges c’est… indescriptible ! Alors, oui, je pense que cette lecture ne plaira pas à tout le monde, choquera ou dérangera certains. Mais si je me suis laissée surprendre, si j’ai aimé, il se pourrait qu’il en soit de même pour vous, non ?

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