Charlotte Delbo: La vie retrouvée
Ghislaine Dunant

Grasset
août 2016
608 p.  24 €
ebook avec DRM 16,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Et pourtant, elle est revenue

« Pourquoi êtes-vous devenue écrivain, Charlotte Delbo ? Parce que j’ai été déportée, parce qu’il y a eu Auschwitz ». Née en 1913 à Vigneux-sur-Seine (Essonne), elle s’inscrit en 1932 aux Jeunesses communistes où elle rencontre Georges Dudach, qu’elle épouse en 1936 et avec qui elle entre dans la Résistance en 1941. Ils sont arrêtés tous les deux en 1942. Lui est fusillé au mont Valérien et elle est incarcérée à la Santé, transférée au fort de Romainville et déportée à Auschwitz par le convoi du 24 janvier 1943 avec deux cent trente femmes résistantes comme elles.

« Le Malade imaginaire » derrière les barbelés

Envoyée à Ravensbrück le 7 janvier 1944, elle est libérée par la Croix Rouge le 23 avril 1945. Assistante de Louis Jouvet depuis 1937, elle récite « Le Malade imaginaire » derrière les barbelés. Dès son retour, elle rédige dans une véritable urgence, son « terrible voyage ». Comment continuer de vivre si l’on garde dans son corps la mémoire des coups, de la faim, de la soif, et de la peur ? Encore fragile, elle fait lire son manuscrit à celui qu’elle admire, Louis Jouvet. Insensible à son écriture, il ne voit pas qu’elle a écrit un des beaux témoignages sur la déportation, et lui conseille : « Ma petite Charlotte… Il faut que tu le réécrives… »

Elle a su raconter l’indicible

Malgré cette réaction du directeur de l’Athénée, elle persévéra et publiera un véritable chef d’œuvre sous le titre « Aucun d’entre nous ne reviendra ». Servie par une écriture limpide, cette magnifique biographie rend sa juste place à cette femme de lettres qui a su raconter l’arrivée au camp dans une plaine glacée, la captivité, la solidarité des compagnes, les SS et les souffrances qu’ils infligent, et surmonter la difficulté de trouver les mots pour exprimer ce qu’elle a vu et vécu dans sa chair.

 

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