Dans le corps du monde
Eve Ensler

traduit par Carole Hanna
10/18
septembre 2014
216 p.  15,90 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

CHAPEAU BAS Mme ENSLER

Eve ENSLER, dramaturge, est surtout connue pour « Les monologues du vagin ». Peu de gens savent qu’elle est aussi engagée auprès de milliers de femmes, battues, violées en Serbie puis particulièrement en République Démocratique du Congo où le viol et la mutilation des femmes est devenu un acte de guerre.

J’avais visionné sur youtube la conférence, extrêmement intéressante et émouvante, qu’elle avait donnée à TED. C’est ce qui m’a donné envie de lire ce livre.

Dans ce récit-témoignage, Eve ENSLER ne cache rien de son passé douloureux, des abus sexuels commis par son père et de la violence qui animait cet homme, de sa jeunesse plus que sulfureuse, de ses combats pour arriver à l’ultime combat : vaincre le cancer de l’utérus.

Dans une langue forte, parfois crue mais jamais vulgaire, parfois émouvante mais jamais misérabiliste, parfois dure mais quand même empreinte de tendresse, l’auteur nous fait partager les sentiments, les doutes, les peurs, les souffrances physiques qui l’ont traversée pendant ses longs mois de bataille.

Je n’avais encore jamais autant corné de pages d’un livre (et pourtant je déteste faire ça) mais je ressentais une urgence à marquer ce qui me parlait ou m’interpellait. Bien sûr, impossible ici de tous les citer mais un voici un qui a profondément résonné en moi : « Vous avez fait beaucoup de choses dans votre vie, m’a dit ce très charmant, très petit médecin italien (…) mais vous n’avez jamais été une patiente. Maintenant vous allez apprendre à l’être. Cela va être dur pour vous (…) Il avait raison. Etre une patiente, c’était bien le dernier de mes souhaits (…) Etre malade, c’était la défaite, le renoncement. Etre malade, c’était perdre du temps, ne pas développer. C’était être seul, coincé, alors que le reste du monde tournait. »

Eve ENSLER nous fait part des questionnements qui l’ont renvoyée à elle-même, à la façon dont elle fonctionnait auparavant : « La véritable question, ce n’est pas Vas-tu mourir ? La question c’est Quelle part de toi doit mourir afin que « ton nouveau moi » puisse vivre et s’épanouir dans un monde nouveau plein d’amour ».

« Si tu veux surmonter ta maladie, tends la main à celui qui est malade. Si tu veux oublier ta faim, nourris ton ami. Tu t’inquiètes des microbes et tu accumules les herbes médicinales mais elles ne te sauveront pas, pas plus que ta jolie résidence ni tes quartiers protégés. Le salut vient de la gentillesse. La seule façon de s’en sortir c’est de se soucier des autres … Ce que tu as perdu et la façon dont tu l’as perdu déterminera ta survie. »

J’ai refermé le livre, respiré profondément et ai pensé : « Waouah ! Chapeau bas Madame ENSLER ».

partagez cette critique
partage par email