Au risque d'aimer
Claude Béata

Préface de B. Cyrulnick
Editions Odile Jacob
sciences
mai 2013
327 p.  23,90 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

UNE SCIENCE ATTACHANTE

AU RISQUE D’AIMER : Quel beau titre pour un livre dont chaque chapitre traite de l’amour !

La force d’aimer, la nécessité d’aimer, la liberté d’aimer, la beauté d’aimer, le risque d’aimer, tels sont les titres des chapitres qui le composent
Un livre dédié aux humains de sa famille, que son auteur aime le plus au monde, mais aussi, et c’est-là le thème de cet ouvrage passionnant « aux animaux du monde entier, héros méconnus et oubliés de l’aventure de l’attachement. »

Claude Béata est un vétérinaire comportementaliste. C’est ce que certains nomment en souriant un psy pour animaux. Le sourire est parfois narquois. Grave erreur, cela, et il faut donc expliquer ici pourquoi ce livre est à lire absolument, même par ceux qui n’ont pas d’animaux.
Au cœur de ce livre, il y a l’attachement. Ce phénomène que l’on observe, sous la houlette de Claude Béata, chez de nombreuses espèces animales, mais également chez nous autres humains. L’attachement de la mère pour ses petits, et réciproquement ; l’attachement entre dauphins ; l’attachement des couples d’oiseaux ; l’attachement de nos animaux domestiques pour leurs maîtres – et la réciproque est vraie aussi -, ce sentiment, et le plaisir qui l’entoure, est expliqué grâce à des anecdotes passionnantes et un ton personnel vivant, et très drôle. Au fil des lignes, on entend l’auteur expliquer, raconter, et on comprend tout ! Cela fait de ce livre un véritable audio-guide du monde de l’amour et des amitiés entre êtres vivants.
Page après page, Claude Béata nous démontre comment, en reconnaissant que nous faisons tous partie de la chaîne du vivant, nous en arrivons à une meilleure compréhension de ce qui nous entoure, et de ce que nous sommes.
En expliquant ce qu’est l’attachement chez les animaux, il met en lumière que, certes la chimie y a sa part, mais qu’elle n’est pas le seul élément responsable du choix qu’un être vivant fait de son sujet d’attachement. Au passage, il déculpabilise toutes les mères qui ont été accusées d’être responsables des maladies graves de leurs enfants : « La mère n’est qu’un élément des conditions de développement du petit, même si elle est le soleil de la galaxie ». Belle métaphore.
Le vétérinaire-éthologue continue en observant les comportements maternels et paternels, et là, lecteurs du genre masculin, vous en prendrez pour votre grade : les oiseaux sont de bien meilleurs acteurs du ménage que vous autres : selon l’INSEE, vous ne faites que 20% des tâches domestiques ! Mais les oiseaux, eux, ils sont 80% dans certaines espèces à prendre soin de leurs petits, et de leur nid – et vous savez pourquoi ? Par plaisir ! Oui, par plaisir. Les animaux éprouvent du plaisir à leurs relations, voilà ce que nous prouve Claude Béata. Dans une autre vie, on sera merlette.
Plus sérieusement, et je le cite : « Donnez des soins, et vous recevrez de l’amour, et du plaisir – et cela même si vous êtes une chienne ou une chatte. »
Là où il y a de l’attachement, et de l’amour, il y a forcément de la peine, en cas de perte. Claude Béata explore également cette piste-là, en démontrant l’existence du deuil, chez les animaux, comme chez les humains.
« Les animaux meurent, et parfois les hommes ne le supportent pas. Parce que l’animal pèse plus que son poids. Il pèse le poids des deuils non dits et des chagrins insupportables. »
Puis, à la question : « Ce risque d’aimer vaut-il la peine ? » il répond à l’aide d’une citation de Saint-Exupéry : « J’y gagne à cause de la couleur du blé » – en référence, bien sûr, à la couleur des cheveux du Petit Prince aimé.

Il y aurait encore beaucoup à dire de ce merveilleux voyage au pays de l’attachement. Que l’on ne pense pas qu’il soit triste, malgré ces dernières citations. Répétons-le, Claude Béata a beaucoup d’humour, il nous fait sourire toutes les deux pages – et chantonner aussi, car, curieusement, nous nous retrouvons dans son cheminement musical – autant que dans ses illustrations cinématographiques et littéraires
Prenez le temps de découvrir l’ouvrage dans son intégralité. Lisez-le. Vous en apprendrez beaucoup sur les humains qui vous entourent, sur vous même, et, qui sait, vous aurez peut-être envie de prendre, encore plus souvent, le risque d’aimer.

Retrouver Cathie Fidler sur son blog

 

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