Des violons pour Monsieur Ingres
Marie-Cécile Guérin

Guérin
octobre 2013
240 p.  13 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Compagne de cordée

Michel Guérin est mort d’un infarctus, le jour de ses 55 ans, en lisant son journal, dans un café de Chamonix où il avait ses habitudes. Marie-Christine, sa femme, l’avait quitté une heure auparavant. Ils s’étaient dit à bientôt.
A la tristesse infinie, à l’absence qui s’invite, s’ajoute la douleur de n’avoir rien vu venir. Et cette question taraude Marie-Christine Guérin qui veut comprendre pourquoi ce jour-là, soudainement, le cœur de l’homme avec lequel elle vivait depuis plus de vingt-cinq ans, s’est arrêté de battre.
En quête d’indices,  elle rencontre les médecins et parlent avec les amis proches.. Au fil de ce récit qui démarre comme une enquête, c’est tout le parcours de Michel Guérin qu’elle retrace. Leur rencontre, les débuts professionnels et la réussite dans la publicité, et puis le choix de quitter Paris et le monde clinquant de la pub pour Chamonix. Retrouver les montagnes et les montagnards qu’il aime tant et créer là, au pied du Mont Blanc, une maison d’édition qui leur est dédiée. Livres élégants, couvertures rouges, titres blancs.
Le parcours de Michel Guérin est intéressant, et l’on ne peut que s’attacher à cet homme libre qui allait au bout de ses rêves. Mais le charme du livre est ailleurs. L’auteure raconte la vie de son mari comme le ferait un compagnon de cordée. Proches, liés, mais indépendants. Bien sûr il y a des souvenirs personnels –le récit de l’adoption de leur deux enfants en Russie communiste est formidable- mais la pudeur tient lieu de ligne de crête à un texte qui, jamais, ne passe sur le versant de l’intimité de ce couple dont on ne doute pas une seconde qu’il en fut vraiment un.
Sans doute Marie-Christine Guérin a-t-elle ressenti le besoin de raconter la vie de son mari pour combler le vide de sa disparition. Mais au bout du compte, avec des mots simples, avec délicatesse, presque à son insu -et c’est cela le plus touchant-, c’est une histoire d’amour qu’elle nous raconte et son récit a ce mélange de force et de calme qu’ont les torrents à l’endroit précis où ils viennent se perdre dans un lac.

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