Trois ans sur la dunette. La Boudeuse autour du monde
Patrice Franceschi

Points
points aventure
novembre 2017
448 p.  8 €
 
 
 
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Un livre qui incite au voyage : « Trois ans sur la dunette – La Boudeuse autour du monde » de Patrice Franceschi

Un tour du monde sur un trois-mâts, c’est ce que propose Patrice Franceschi avec « Trois ans sur la dunette – A bord du trois-mâts « La Boudeuse » autour du monde. »
Et qui l’aime le suive : ça c’est moi qui le dis car ce n’est pas l’envie qui me manque, on me connaît. Il faut dire aussi que cet homme, marin, aviateur, philosophe, écrivain (Prix Goncourt de la Nouvelle 2015) a de quoi séduire avec la vie qu’il a choisie : liberté, aventures et récits pour nous en faire part. Bon, vous l’avez compris, pour ma part, il a gagné, je suis tombée sous le charme depuis longtemps.
Quant au récit, il commence ainsi : « Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs d’enfance, je n’ai jamais rien voulu faire d’autre qu’écrire des livres et vivre des aventures. A l’adolescence, ce fut plus précis encore : écrire toutes sortes de livres et vivre toutes les aventures possibles et imaginables…
L’innocence de cet âge sans doute… Mais c’était ainsi, je n’y peux rien. » (p.9)

Un grand problème, toujours le même : le financement : « Les dettes s’étaient accumulées au cours des deux années de campagne d’exploration – comment faire autrement – jusqu’à devenir abyssales. Il fallait commencer par les combler pour ne plus en entendre parler. Ce fut l’affaire de vingt-quatre heures. Les millions qui rentrèrent d’un côté s’enfuirent de l’autre et l’on n’en parla plus. » (p.19).
Mais c’est aussi sans compter les problèmes administratifs qui se présentent à chaque traversée des pays. Mais Patrice a l’habitude…

Le départ se fait dans l’Atlantique Nord, en 2004, un océan vide, sans fin. L’intention est de se rendre vers le Brésil, « tout là-bas derrière l’horizon . » Les vents sont cléments « et nous disent à leur manière que le plus dur est derrière nous, que ce tour du monde de trois années à la découverte des « peuples de l’eau » (d’ailleurs, ceux qu’ils recherchent plus particulièrement sont les Yuhup), « vient enfin de commencer pour de bon. » (p.11).
Et on voyage sur cette « Boudeuse » qui, auparavant, était une jonque chinoise de haute mer.
La question de la composition de l’équipage étant réglée, la navigation va se faire sur l’Amazone.
Enfin arrivés chez les fameux Huyup, faisant partie d’une tribu distincte de celles des Macuna, Latuena, Tanimuka, Patice en profite pour chasser avec Ado dans la jungle afin d’améliorer le quotidien.

Les hommes et les femmes de l’équipage restent un certain temps dans cette tribu amicale mais arrive le jour où il faut repartir, un peu à regret mais c’est pour aller à Cayenne où « La Boudeuse » attend et l’aventure continue. Cette fois, le but est la fameuse île de Pâques où ils finissent par arriver après plusieurs événements (à découvrir car ne croyez pas que je raconte le livre, loin de là).

« Aucune terre au monde n’a enflammé l’imaginaire occidental que l’île de Pâques… ».
En effet, c’est là que se trouvent de mystérieuses « statues comme aucun Occidental n’en a vues auparavant dans le Pacifique. » On les appelle des « Moaï » et le peuple qui y vit est celui des Rapa Nui.
Patrice écrit : « Île de Pâques… Dieu que nous aurons fait d’efforts pour toi ! » (p.208). Effectivement, il aura fallu parcourir près de 6.000 milles (plus de 10.000 kilomètres) – passer le fameux pot au noir – faire des rencontres avec des orques, des requins…

Dans cette île de Pâques, les paysages sont magnifiques. D’ailleurs, Pierre Loti, en la découvrant avec sa frégate « Flore », avait écrit sur ses « cahiers de petit aspirant de marine » : « Il est au milieu du grand océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée ; aucune terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent. Elle est plantée de hautes statues monstrueuses, œuvres dont on ne sait quelles races aujourd’hui disparues, et son passé demeure une énigme. » (p.217).

Mais là aussi, il faut repartir pour la troisième expédition, vers l’archipel des Gambia, via la mythique île de Pitcairn où se réfugièrent les fameux « révoltés du Bounty ».
Ensuite cap sur «Fatu Hiva aux îles Marquises, vers des hommes qui nous sont encore inconnus. » (p.410), ce qui demande environ une semaine et, victoire, « par un petit matin blafard après que la vigie dans le mât de hune a crié comme au bon vieux temps : « Terre ! Terre ! ».
Mais, « Un spectacle inquiétant au premier abord : on est loin ici de l’image habituelle des atolls polynésiens ou du mythe idyllique des Marquises loué par Paul Gauguin ou Jacques Brel. Une première impression rassurante, en fait… Du moins à mes yeux puisque ici va commencer un nouveau moment de notre existence, une de ces chroniques de vie comme je les aime, avec des hommes qui restent à découvrir. Il aurait été décevant que notre première impression soit… ordinaire. » (p.415).
La conclusion de Patrice Franceschi est dans les dernières lignes : « Une nouvelle aventure commence au bout du monde… »

Afin de nous aider à comprendre les termes maritimes (si on ne les connaît pas), en fin de livre se trouve un glossaire bien explicatif.

Que reste-t-il à demander à Patrice Franceschi à part de continuer à nous enchanter avec ses aventures dont je suis une fan inconditionnelle ? Il faudra d’ailleurs que je relise ses autres livres car c’est ça un aventurier, un vrai. Je ressens la même impression pour Olivier de Kersauson, ces « hommes de la mer » simples, passionnés – sur un autre registre certes, mais je le porte aussi en grande estime.

Si j’ai livré un certain nombre d’indications, il reste encore une grande quantité d’événements à découvrir mais je vous en laisse la surprise.

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