Le Roi René: René Urtreger par Agnès Desarthe
Agnès Desarthe

Odile Jacob
art et litterature
avril 2016
272 p.  21,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

le pianiste en son royaume

Quand le chemin d’une romancière croise celui d’un maître du be-bop, le récit né de leur rencontre est formidable : Le roi René, c’est le destin extraordinaire d’un musicien. On lit pêle-mêle, sautant d’une époque à l’autre, comment à 21 ans, il joue avec Miles Davis, partage sa chambre en tournée, improvise avec lui la musique d’Ascenseur pour l’échafaud, devient l’ami et le partenaire entre autres de Claude François et de Serge Gainsbourg. Sous la plume tendre et délicate d’Agnès Desarthe, il revient sur son enfance douloureuse marquée par la déportation de sa mère quand il a onze ans. Et au centre de sa vie, ce qui fut sa planche de salut, le piano. A 13 ans, il joue Chopin, échoue à l’entrée du Conservatoire, et par bonheur, découvre le jazz. En quelques mois, il devient une star à 21 ans, joue avec les plus grands jazzmen américains (Chet Baker, Sonny Stitt, Lionel Hampton, Kenny Clarke, Dizzy Gillespie, John Lewis, Miles Davis…) qui débarquent à Paris dans les années 50. Puis, il accepte de raconter sans se cacher sa fuite dans l’alcool et la drogue, les femmes qu’il a aimées et qui l’ont sauvé, sans oublier sa passion pour les échecs. Vient la période yé-yé à laquelle il participe, gâche son talent, et devient « un clochard de luxe ». Mais vingt ans après ses débuts fulgurants, oubliant sa période noire, il renoue avec le succès et retrouve le goût de jouer. Invité dans les plus grands festivals, il est l’un des derniers monstres sacrés de la musique du XX siècle. 

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N
otre chronique de « Comment j’ai appris à lire » et celle de « Ce cœur changeant »

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