Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Dagerman Stig

traduit du suédois par Philippe Bouquet
Actes Sud
novembre 2001
24 p.
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Mémoire d’outre-noir

Voilà une merveilleuse découverte,  un petit livre de seulement vingt pages mais qui compteront beaucoup pour ceux qui les liront.  Dans ce texte qu’il définit comme étant «  un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander »,  l’immense écrivain suédois Stig Dagerman plonge les flèches de sa pensée extra-lucide en plein dans le mille de nos questions existentielles les plus intimes. Il éclaire de sa prose sombre et puissante ce que nous pouvons ressentir d’incompréhensions face au temps qui passe et l’issue à laquelle nul n’échappera : la mort.

Alors qu’entre 1945 et 1949, il produit une œuvre littéraire qui rencontre un immense succès, très brutalement il s’arrête d’écrire par peur de se décevoir lui-même et de décevoir les autres. Puis en 1954, il se suicide. Ce texte écrit en 1952 deux ans avant sa mort, prend une dimension d’autant plus particulière. Son auteur pour qui « chaque jour n’est qu’une trêve entre deux jours », du fond de son désespoir le plus profond, nous donne paradoxalement une précieuse injonction à vivre, à ne pas céder : « Ma vie n’est courte que si je la passe sur le billot du temps » et à s’ouvrir à la beauté « car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans ». Alors ouvrez ces pages de toute beauté justement, et découvrez un outre-monde, celui de l’outre-noir qui nous rappelle avant tout que le noir est couleur.

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