Nouvelle parution de la collection « Grands destins de femmes » chez Naïve.
Parlons d’abord de la forme…
Le dessin est tendre et doux pour rendre hommage à une femme qui a traversé une grande partie du XX° siècle. Certes, elle a été le témoin « privilégié » des deux guerres : enfant lors de la première (elle est née en 1906), jeune femme lors de la seconde, elle aura fui le totalitarisme du nazisme plus parce qu’elle est une intellectuelle que finalement parce qu’elle était juive, posture qu’elle renouvellera en quelque sorte dans les années 60 avec la parution sous forme de recueil de ses articles sur le procès Eichmann.
Il n’y a rien à dire sur le dessin ni sur la structure narrative très linéaire, très chronologique de la vie d’Hannah Arendt.
… et venons-en au fond
C’est là où se situe la faiblesse du livre.
Pour ce qui est de retracer fidèlement la vie d’Hannah Arendt, de rendre compte de ses rencontres qui ont fatalement façonné plus ou moins fortement sa pensée (Karl Jaspers, Kurt Blumenfeld, Husserl, Heidegger,…), de décrire la vie fascinante et mouvante de cette penseuse du totalitarisme, cette bande dessinée ne souffre d’aucune faiblesse.
Pour ce qui est de présenter la pensée d’Hannah Arendt, là c’est une autre histoire… Le livre aborde la publication de ses deux livres les plus connus « Les origines du totalitarisme » et « Eichmann à Jérusalem », elle omet clairement d’en aborder les théories présentées par l’auteur. La faiblesse est d’autant plus grande que le recueil d’articles parus sous le titre de « Eichmann à Jérusalem » a provoqué un schisme dans les relations d’Hannah Arendt avec bon nombre de ses amis sans que l’on ait une idée du contenu de ces articles.
La présentation des théories d’Hannah Arendt sur la totalitarisme est parcellaire et excessivement rapide.
Le mérite de cette bande dessinée est alors surtout de donner envie de (re)lire Hannah Arendt et quelques uns des grands penseurs qu’elle a côtoyés tout au long de sa vie. A ce titre, l’appendice du la bande dessinée qui présente par colonne les bios des grands personnages dont Hannah Arendt a croisé la route, les liens qui les ont unis et les influences réciproques ou non qu’ils ont pu avoir les uns sur les autres est particulièrement intéressant.