Trésors du quai d'Orsay : un siècle d'archives inédites
Marc Lambron

FLAMMARION
octobre 2014
288 p.  39 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

affaires étrangères

Les « Trésors du Quai d’Orsay », ce sont 400.000 photos du fonds iconographique du ministère des affaires étrangères, jusque-là méconnues du public. L’académicien Marc Lambron et l’historien Jean-Philippe Dumas en ont exhumé de nombreuses perles, représentatives d’un siècle de diplomatie et d’exploration – à l’échelle mondiale. Le résultat, préfacé par Laurent Fabius, classé par continents, révèle des photographies saisissantes, comme celle de Paul Claudel au pied des palmiers du jardin botanique de Rio, d’une fantasia à Tighit ou d’une crue du Nil en 1890. Et d’autres tranches de vie, moins romantiques, comme cette main d’un Annamite (aux ongles de 49 cm de long !) ou cette lugubre exposition de têtes coupées, en Chine, datée de 1903.

Ce formidable travail d’archivistes révèle quantité d’histoires méconnues, ou oubliées : le chemin de fer de Darjeeling, la colonne du Niger (1891), les chasseurs alpins envoyés à Mogador (Maroc), la colonisation de Madagascar, la capture de Samory, l’exploration du Mékong ou différentes missions en Amérique Latine (exploration de la Cordillère des Andes, de l’Amazonie péruvienne), etc. On découvre des intérieurs aux airs de palais (comme ce salon de l’ambassade de France de Péra, à Istanbul) mais la diplomatie n’est pas qu’une affaire de réceptions et de petits fours…

L’iconographie de ce somptueux album, tout en noir et blanc et sépia, rappelle les albums de Tintin : marchés orientaux, chameaux, pont de caravanes en Syrie, felouques, port de Beyrouth, fouilles archéologiques, chemin de fer transcaspien, tramway de Saigon, gaucho chilien, litière chinoise…

Marc Lambron, lui-même romancier de talent, rappelle que la diplomatie a donné son quota d’écrivains : Claudel, Pierre Loti, Lucien Bodard (fils de consul), Charles Wiener… Ce livre formidable par sa pédagogie a également le mérite de faire revivre de véritables figures, qui marquèrent l’histoire du Quai d’Orsay et participèrent au rayonnement de la France, comme Philippe Berthelot (responsable de l’Asie au Quai), Ernest Bourgarel  (ministre plénipotentiaire à Bogota) ou Charles Bonin (secrétaire de la légation de Pékin), qui explora pendant plus de deux ans la route de la soie, le Tibet et la Mongolie.

Grâce à la richesse de ses illustrations inédites, la qualité de ses textes, les histoires évoquées, voilà un ouvrage quasiment indispensable – et pas seulement pour les nostalgiques de la France coloniale.

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