On a tiré sur le président
Philippe Labro

Gallimard
octobre 2013
255 p.
 
 
 
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Une succession de hasards

Si vous avez lu les romans de Philippe Labro, sa fascination pour l’Amérique ne vous a pas échappé. Même s’il garde un certain sens critique sur ce pays qui n’est plus un eldorado depuis longtemps, il lui conserve aussi toute son affection, un peu comme à un vieil ami avec lequel on partage de bons souvenirs. Il était normal que l’affaire Kennedy le passionne, comme elle passionne d’ailleurs toujours une bonne partie de la planète depuis cinquante ans. Mais Philippe Labro a une raison supplémentaire de s’y intéresser: il était sur place lors de l’assassinat du président. Près de New York, le jour même, puis à Dallas dès le lendemain. En reportage à Yale pour « Cinq colonnes à la une », il se trouve sur le campus lorsqu’il voit quelqu’un s’approcher en courant et hurlant: « On a tiré sur le président ». Comme baptême du feu pour un jeune journaliste, on ne peut rêver mieux. Ce récit palpitant est un mélange de polar, de réflexions personnelles, de reportage (il a vu Oswald, puis rencontré Jack Ruby juste avant qu’il ne tue Oswald), d’analyse. Il a passé l’année suivant l’assassinat à effectuer des allers et retour entre les Etats-Unis et la France, il a lu les centaines de livres parus sur le sujet, a parlé avec Pierre Salinger, le conseiller de Kennedy. Et tout cela a fini par le faire changer d’avis, lui qui croyait au complot: « les Américains sont obsédés par l’investigation, ils ont même réussi à faire virer un président avec l’affaire du Watergate. S’il y avait eu complot, ils auraient fini par trouver des preuves. Mais ils n’ont que des hypothèses. » Pour Philippe Labro, cette tragédie est due notamment à une succession de hasards: la rencontre d’un marginal, ( Lee Harvey Oswald), d’une police totalement dépassée par les événements, de services secrets pas à la hauteur de leur mission et d’une météo trop clémente qui permit au président de rouler toit ouvert.

Ce couple qui fit entrer Hollywood à la Maison Blanche, cet homme, l’un des plus puissants de la planète, « qui donnait toujours l’impression de revenir de la plage », cette fin tragique ont contribué à façonner le mythe. Une histoire, dont Philippe Labro reconnaît qu’elle a changé sa vie, et qu’il nous raconte non seulement comme un journaliste, mais aussi comme un romancier.

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