Broken Soup
Jenny Valentine

L'Ecole des Loisirs
medium
octobre 2014
232 p.  17 €
 
 
 
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Comme une grande

À quatorze ans, Rowan gère la maison familiale comme une adulte. Avec une maturité déconcertante, elle prend soin de sa petite soeur Stroma, six ans, l’emmène à l’école, joue avec elle, répond à ses questions. Entretient le foyer, fait les courses, prépare les repas. Et comme tous les adolescents de son âge elle se rend au collège… presque un sas de décompression pour Rowan, une respiration dans sa journée. Un quotidien bien morose pour une jeune fille, mais lui a-t-on laissé le choix ?
Depuis que son grand frère Jack est mort, le noyau familial a volé en éclats. Un terrible accident, une noyade. Une épreuve douloureuse qui a conduit ses parents à la séparation. Son père parti, sa mère s’est enfoncée davantage dans la dépression. Elle sort rarement de sa chambre, ne s’adresse plus à ses filles, son monde s’est écroulé. Les vivants autour d’elle ne semblent plus exister.
Alors, Rowan a pris les choses en main et fait de son mieux pour que le navire ne coule pas et déguise la vérité quand son père demande des nouvelles (pour protéger sa mère, sans doute). La petite Stroma est tellement pleine d’énergie, si douce, si drôle qu’elle apporte à Rowan beaucoup de force et l’envie d’avancer. Mais les choses commencent à devenir bien trop lourdes pour elle…
Un jour, à la caisse d’une superette, un jeune homme lui tend quelque chose qui serait, selon ses dires, tombé de son sac : il s’agit du négatif d’une photographie. Bien que cet objet ne lui appartienne pas, elle le glisse dans sa poche. Poussée par son amie, elle fait développer le cliché…
qui s’avère être une photographie du visage de Jack, tout sourire.
La découverte de ce ce négatif va éclairer la vie de Rowan, il va faire sauter les verrous dans son coeur et dans son esprit. Grâce à lui, elle se liera d’amitié avec Bee, une collégienne plus âgée qu’elle qui s’occupe également beaucoup de son petit frère, elle connaîtra ses premiers émois amoureux avec Harper, un globe-trotteur de dix-huit ans, qui vient des Etats-Unis et trace la route à bord d’une vieille ambulance. Elle aura enfin une discussion avec son père et surtout reprendra son « statut » d’adolescente.
Un roman qui s’ouvre sur le chagrin et chemine crescendo vers la lumière, l’espoir, la vie qui continue, malgré tout. Les personnages ont de l’épaisseur : Stroma est pétillante et pleine de bon sens, Bee est bienveillante, Harper est solaire, quant à Rowan on aimerait tant qu’elle existe pour pouvoir la serrer dans nos bras… elle, si forte et pourtant si vulnérable. Un sujet poignant parfaitement maîtrisé par l’auteure qui n’épargne pas le lecteur en l’édulcorant. Elle parle clairement de la mort, du deuil qui s’ensuit, du désastre provoqué dans la famille, des relations imbriquées maritales, fraternelles, amicales, de la difficulté d’exterioriser ses sentiments et ses pensées. Un roman fort.
Petite aparté à propos de la couverture du livre : je ne vois pas le lien entre l’histoire et cette photo, hormis le fait qu’elle se déroule en Angleterre…
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